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Les Nouvelles Aventures de Roberto-SERIE2 
 
 
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GRAND PRIX 2009
PIECES THEÂTRE
SERIE 2 : 95
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EPISODE 4
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EPISODE 7
EPISODE 8
EPISODE 9
EPISODE 10
EPISODE 11
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EPISODE 13
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EPISODE 17
EPISODE 18
EPISODE 19
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EPISODE 22
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EPISODE 62
EPISODE 63
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EPISODE 3. LE BROUILLARD SANS FIN

TITRE : « Les Nouvelles Aventures Fantastiques de Roberto » 
 
dans :  
 
« Le brouillard sans fin » 
3-ième épisode 
 
LE CONTEUR 
LA FEMME DU CONTEUR 
ROBERTO 
LUNA BELLA « la Perle de Milano » (La chienne Basset) 
SERGENT TINI (Titi pour les intimes) 
HONORE BONCOEUR  
VICTOR BELLEPLUME 
FRACESCA NONNA  
LANOUAR  
LA JOURNALISTE (sous les traits du requin blanc Xamayca) 
 
GENRE : Comédie d’Aventure Fantastique 
AUTEUR : Emilien Casali 
 
EPISODE 3 : « LE BROUILLARD SANS FIN » (2005) 
Troisième partie de la pièce « Le brouillard sans fin » (10 pers) 
 
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques) 
Emilien CASALI - Email : casali-emilien1@orange.fr 
 
http://emiliencasali.populus.ch/ 
http://compballadins.populus.ch/ 
 
 
 
 
 
PROLOGUE 
 
 
VICTOR BELLEPLUME, LA FEMME DU CONTEUR 
L’action se déroule dans le hameau de Bucine en des temps avancés… 
 
Il y a là toujours la grande cheminée (avec de grandes flammes flamboyantes), tout près de laquelle se tiennent deux chaises et un 
Banc 
 
Les 3 masques sont toujours accrochés au dessus de la cheminée (3 masques en forme de papillon à tâches dorées : un bleu, un violet et un 
Blanc 
 
LA FEMME DU CONTEUR, surgit une bougie à la main 
Que se passe-t-il ? Qui est là ? 
 
LA VOIX DE VICTOR BELLEPLUME 
Le Conteur n’est pas encore rentré de son récent voyage ? Il parait qu’il écrit ses mémoires !? 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Montrez-vous !  
 
LA VOIX DE VICTOR BELLEPLUME 
Où est-il allé, cette fois-ci ? Où devrais-je plutôt dire : dans quelle galère ce dernier s’est-il encore fourré ? Pas bien loin, je présume. 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Eh bien, j’attends… 
 
VICTOR BELLEPLUME, apparaît derrière un chevalet peignant à l’aide d’un pinceau très fin 
Votre ami vit donc ici, aujourd’hui, dans ce hameau isolé aux beaux milieux des célèbres vignobles du Chianti. Joli endroit pour y vivre le repos éternel.  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Vous l’enterrez déjà, mon brave ? 
 
VICTOR BELLEPLUME 
J’ai bien peur qu’il ne s’endorme sur ses lauriers depuis de nombreuses décennies. 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
A votre place, je n’affirmerai rien. Connaissant mon homme… 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Mais qui me dit que Monsieur Roberto voyage toujours par delà et là pour au quatre vents ? Je pense plutôt qu’il est allé tout simplement cueillir la menthe et le thym dans son potager ?  
 
VICTOR BELLEPLUME, poursuit 
Et puis, vous savez, de nos jours, les voyages à plus de 10 mille lieux d’ici doivent porter peine à notre pauvre octogénaire. Sans parler des problèmes de vue qui l’handicape. Il doit éprouver un mal de chien pour lire une carte géographique. Au fait, il a toujours des douleurs lombaires ?  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Détrompez-vous, Roberto a encore des ressorts pour parcourir le monde.  
 
VICTOR BELLEPLUME, qui peint tout en parlant 
C’est donc ici que se cache notre conteur magnifique ! Jolie cheminée ! Ce doit être agréable les nuits d’hiver pantouflée au coin d’un feu flamboyant ?  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Que lui voulez-vous exactement ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Toujours est-il que j’ai fini par retrouver le lieu secret dans lequel il s’encroûte, où le calme plat règne en permanence, lieu que j’ai d’ailleurs grand plaisir à peindre…  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Avec vos doigts aussi léger que la plume de l’oiseau de Cristal, mon cher Victor Belleplume !  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Parfaitement ! Mais… comment se fait-il que… ? Vous me connaissez ? 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Je ne connais qu’un seul peintre capable de dessiner des lieux secrets. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Vraiment ? 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
En ce temps-là, tel un Compagnon de la Renaissance, vous réalisiez à l’aide de votre pinceau un travail en tout point remarquable. Un travail laborieux et sincère. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
A ce point-là ? 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Une précision dans les moindres détails.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Ah, vraiment ?  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Un vécu indéniable, des années d’observation d’un monde à la fois réaliste teinté d’imaginaire laissant quiconque pantois devant vos  
tableaux… 
 
VICTOR BELLEPLUME 
C’est curieux, je ne voyais pas les choses ainsi. 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Quant bien même, Compagnon Belleplume, vous aviez l’art du mystère.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Nous y voilà !  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
De ce fait, on n’en restait pas moins perplexe devant vos tableaux tant les éléments dissimulés étaient nombreux.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
J’invitais quiconque, en ce temps-là, à les déchiffrer. Rien ne pressait ! 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Dieu sait le nombre de jours et de lunes que vous avez passé dans votre atelier pour fixer sur la toile des indices ou devrais-je plutôt dire vos empreintes à l’aide de votre pinceau miraculeux.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Et moi qui voulais rester mystérieux.  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Votre œuvre, cher maître, avait aussi cette particularité que de dresser une passerelle entre le Vingtième et le Vingt et Unième siècle… 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je vous signale que je suis encore vivant.  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Tout en jetant l’encre sur les siècles à venir, dans un hypothétique monde d’anticipation, laissant à quiconque voir midi à sa porte.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je ne voyais vraiment pas les choses ainsi.  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Vous ne cherchiez aucunement à nous enfermer dans un seul récit pictural. Chacun d’entre eux racontait sa propre histoire. A partir d’une image, d’autres se superposaient via l’infini. Tantôt, on côtoyait le féerique et tantôt le fantastique… 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Vous parlez au passé comme si mes toiles n’existaient plus… 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Ajoutant à cela quelques zestes de surréalisme et de poésie. On se rapprochait de la science fiction mais ce n’était pas de la science fiction.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je vais finir par vous embaucher pour vendre mes peintures.  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Un style à part. Vous aviez l’art de nous amener parfois à nous questionner tout en nous laissant libre d’interprétation,  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je tenais par-dessus tout à respecter la subjectivité de chacun. il va de soi que chaque « lecteur visuel », indépendamment des autres, observe mes tableaux avec son propre moi sous-jacent, sa propre perception. Il se peut, parfois, que tout soit dit dans un unique flash pictural. Mais, qu’est-ce que je raconte ? (Il marque un petit temps d’arrêt) Que se passe-t-il ? Voilà que, soudain, l’inspiration me vient !  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Vous possédiez l’art des artisans d’autrefois, soucieux de ne jamais se Reproduire.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je tenais à rester chercheur au sens noble du terme ! Tiens ! Voilà que moi aussi, je parle au passé. 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Vous créiez, inventiez, innoviez et parfumiez vos tableaux d’originalité.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je ne tenais point à donner dans la facilité. Il en est toujours de même aujourd’hui. Cela fait un peu prétentieux, vous ne trouvez pas ? 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Vous poursuiviez jadis votre quête picturale au quotidien et ajoutiez de nouveaux éléments à la farce qui n’en finissait pas d’éblouir l’œil si l’on se penchait de prêt.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
C’est drôle, je n’ai pas l’impression d’avoir vieilli autant. Bon, ce sera tout, ma chère ? Ce n’est pas que… mais j’ai l’impression que vous parlez d’un autre peintre… vous seriez très gentil de conclure au plus vite ce portrait passéiste de ma personne qui me donne la chair de poule.  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Vous souvenez-vous de ces aventures qui nous entraînaient dans des lieux insolites, merveilleux ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je me souviens surtout de l’une d’entre elle qui nous fit rebrousser chemin.  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Il arrive parfois que le danger nous guette. Il vaut mieux, dans ce cas, se retirer à temps.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
En ce temps-là… (puis se parlant à lui-même) Cela me fait drôle de parler au passé, tout d’un coup !? J’ai l’impression d’avoir pris 40 ans dans la figure. (Puis il reprend) Je disais donc qu’en ce temps-là, je me trouvais pratiquement aux avant-postes pour y effectuer des croquis que je devais peindre ensuite à l’aide de mon pinceau magique. Il faut savoir que notre ami Roberto m’avait invité quelque temps auparavant à naviguer sur les flots à ses cotés. Et donc, je m’embarquais avec lui et tous ces nouveaux amis à bord de la Salamandre pour une croisière mystérieuse qui s’acheva aussi vite qu’elle n’avait commencée. 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Laissons cette histoire de coté, si vous le voulez bien, qui fit tant de peine à Roberto.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
A l’époque, sur la goélette, ce que j’aimais mettre en relief le spectacle qui se présentait sous nos yeux. La mer était si belle, elle nous offrait un spectacle majestueux. Et puis, plus rien, le brouillard ! Personne n’a compris ce qui se passait. Le temps s’était figé tout d’un coup face à nous. Nous marchions à reculons… plus aucun repaire ! Le brouillard sans fin ne conduisait nulle part… nous étions en panne d’imagination.  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
A partir de ce jour, le soleil ne brillait plus, vos illusions s’étaientt envolées et l’espoir fut broyé du même coup !  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je vous en prie, Madame, cessez de remuer le couteau dans la plaie. (Petit arrêt) Mais dites-moi, je vois que Roberto vous a bien renseigné à ce sujet.  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Bien plus que cela : j’ai vécu les Aventures Fantastiques de Roberto à ses cotés. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
C’est curieux, je ne me souviens pas de vous. 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Mon visage ne vous dit vraiment rien du tout ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Qui êtes-vous ?  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Je vous laisse le deviner. 
 
VICTOR BELLEPLUME, délaisse son pinceau 
Voyons voir… dans cette pénombre… 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Il est vrai que je n’ai plus le visage angélique de la belle et jolie femme que j’étais naguère, celle que vous preniez tant plaisir à dessiner les traits fins du visage au crayon de papier. 
 
VICTOR BELLEPLUME, se rapproche d’elle 
Ca y est, j’y suis, vous êtes le paon enchanté, c’est bien cela ?  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Va savoir qui je suis ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Ou bien alors… ?... vous êtes… vous êtes Christine Boulanger !  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Le moment n’est pas encore venu pour moi de vous révéler ma véritable identité, Victor Belleplume. Je vous sers une tasse de thé au jasmin ?  
 
VICTOR BELLEPLUME, à genouillé 
Je vous en prie, dites-moi qui vous êtes ?  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Moi, au moins, je sais garder mon mystère ! Pour le moment, si vous le voulez bien, je me tiendrai dans l’ombre du conteur. Désirez-vous mangez des Lasagnes avec ça ?  
 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Comment ça, des Lasagnes ? 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Je me souviens qu’en ce temps là, vous aviez un faible pour les Lasagnes de Francesca. Et si nous commencions par le thé, qu’en dites-vous ? Nous passerons au plat de résistance ensuite…  
 
Elle quitte les lieux 
 
VICTOR BELLEPLUME, s’assoit sur le tabouret placé près de la cheminée  
Je vais me coller contre la cheminée histoire de me chauffer un peu… 
 
Le nuage de fumée envahit la pièce ensuite… 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
 
 
 
-------------- 
 
 
 
ACTE 1 / SCENE 1 
 
 
HONORE, LANOUAR, ROBERTO 
 
Le nuage de fumée se dissipe… 
L’action se déroule au début du 21ième siècle à bord de la Salamandre, dans la cabine du capitaine… 
 
Honoré et Lanouar jouent à la belotte, tandis que Roberto tape sur son ordinateur portable… 
 
HONORE 
Je l’aurai ma revanche, je l’aurai !  
 
LANOUAR, pose une carte sur la table 
Valet de coeur ! Qui n’en a pas en meurt !  
 
HONORE, réfléchit 
Voyons voir…  
 
LANOUAR 
Tu n’as plus de cœur, Honoré. Joue autre chose.  
 
HONORE 
Je me demande pourquoi j’ai pris à cœur, Lanouar ? 
 
LANOUAR 
D’autant que j’avais dans mon jeu toute famille d’atout. Une fois de plus, tu t’es planté, mon ami. Voilà ce que c’est de prendre toujours à cœur.  
 
HONORE 
C’est la seule couleur qui m’inspire le respect. 
 
LANOUAR 
Eh bien, qu’attends-tu pour jouer ton 10 de pique ? 
 
HONORE 
Comment sais-tu que j’ai un 10 de pique dans mon jeu ?  
 
LANOUAR 
Il n’est pas encore passé. 
 
HONORE 
Je ne te donnerai pas 10 points. 
 
LANOUAR 
Il te reste 2 cartes à jouer. Tu n’as pas le choix.  
 
HONORE 
Un instant, laisse-moi réfléchir...  
 
LANOUAR 
Dans ce cas là, donne-moi le 10 de carreau.  
 
HONORE 
Comment sais-tu que j’ai un 10 de carreau. 
 
LANOUAR 
Celui-là n’est pas passé non plus. J’en déduis donc que tu l’as. Bon, tu attends quoi pour jouer ?  
 
HONORE, pose le dix de pique 
10 de pique !  
 
LANOUAR, ramasse le pli  
De toute façon, tu as perdu !  
 
HONORE 
Je te signale qu’il me reste le 10 de carreau.  
 
LANOUAR 
Et moi, le 9 de cœur !  
 
HONORE, pose sa carte violemment 
Ce n’est pas possible ! Tu gagnes sans arrêt !  
 
LANOUAR 
Une fois de plus, je t’ai mis « capo » !  
HONORE, tape du poing sur la table 
Ce n’est pas croyable ! Je n’ai pas fait un seul pli en 3 parties.  
 
 
 
FIN DE LA SCENE 1  
 
 
 
 
-------------- 
 
 
ACTE 1 : SCENE 2  
 
ROBERTO, le nez collé contre l’écran de son ordinateur portable 
Silence, Honoré ! Tu vois bien que je travaille. 
 
HONORE 
Lanouar n’arrête pas de gagner !  
 
LANOUAR 
Tu veux faire une autre partie ?  
 
HONORE 
Je reprends à cœur.  
 
ROBERTO 
Un peu moins de bruit, mes amis, je m’entretiens avec la fée. 
 
HONORE 
Tu as même une fée parmi tes admiratrices ! Originale !  
 
ROBERTO 
Tu n’y est pas du tout ! Il s’agit de Mademoiselle Heba, une amie égyptienne d’Alexandrie que j’ai surnommée Fée Heba. 
 
HONORE 
Après tout, c’est ta vie privée !  
 
ROBERTO 
C’est juste une amie, Honoré ! En fait, Heba doit traduire prochainement l’une de mes pièces en langue arabe… 
 
HONORE 
Je ne dirai rien à ta compagne, c’est promis.  
 
ROBERTO 
Miss Maryl est au courant.  
 
HONORE 
Vous êtes un couple européen moderne. 
 
ROBERTO 
Tu insinues quoi par là ? Tout comme toi, nous avons des valeurs. 
 
HONORE 
Miss Maryl n’est pas à bord de la goélette pour vérifier.  
 
ROBERTO 
Nous avons une confiance mutuelle l’un envers l’autre.  
 
 
HONORE 
Dans ce cas, pourquoi ne fait-elle pas partie des passagers de la Salamandre.  
 
 
ROBERTO 
Miss Maryl ne souhaitait pas faire partie de l’Aventure, tout simplement. Et puis d’abord, j’en ai assez de devoir me justifier tous les cinq minutes.  
 
LANOUAR, distribue les cartes 
Je crois bien que Roberto n’est pas le seul à voyager sans sa femme !?  
 
HONORE 
Oui, mais là, c’est différent. Julie s’occupe de nos petites filles… 
 
LANOUAR 
Pendant que Papa Honoré se la coule douce en croisière ! On avait compris !  
 
HONORE 
Julie et moi sommes mariés, vois-tu… 
 
LANOUAR, distribue les cartes 
Cela ne prouve rien de nos jours.  
 
HONORE 
J’ai épousé Julie selon les liens sacrés du mariage. On s’est juré fidélité dans la maison du Seigneur… 
 
LANOUAR, continue de distribuer les cartes 
Jusqu’à ce que la mort vous sépare. 
 
HONORE 
Parfaitement !  
 
LANOUAR 
A toi de jouer !  
 
HONORE 
Je prends à cœur. 
 
LANOUAR 
Tu es voué d’emblé à l’échec ! 
 
HONORE 
Tôt ou tard, je finirai bien par te prouver que les mots d’Amour voyagent encore de nos jours !  
 
ROBERTO, frappe sur le clavier de son ordinateur portable 
Silence, Messieurs, s’il vous plait !  
 
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 3 
 
 
HONORE, LANOUAR, ROSARIO, ROBERTO, FRANCESCA, TINI, VICTOR BELLEPLUME, LA JOURNALISTE 
 
FRANCESCA, surgit avec un plat de lasagnes 
A table, les enfants ! (Elle dépose le plat sur la table) Allez, oust !  
 
HONORE 
Que fais-tu, Francesca ? On vient juste de reprendre la partie… 
 
FRANCESCA 
Vous jouerez à la belotte plus tard. J’ai dit : « à table ! »  
 
HONORE 
Je n’ai pas faim !  
 
VICTOR BELLEPLUME, surgit, une toile de peinture sous le bras qu’il dépose dans un coin 
Comment, Honoré, tu ne fais pas honneur aux délicieux plat de Lasagnes que Francesca nous a préparé avec amour ? Tu risques de commettre un péché ! Bonsoir, tout le monde ! Impossible de dessiner avec un pareil brouillard !  
 
FRANCESCA 
Mes Lasagnes attirent les mouches ! Bonsoir, Victor ! 
 
LANOUAR, range les cartes 
Tu veux bien mettre la table, Honoré, merci. 
 
HONORE 
C’est à ton tour, je crois bien !?  
 
LANOUAR 
Je range les cartes. 
 
HONORE 
De nous deux, je me demande bien lequel se la coule douce en vérité ?  
 
FRANCESCA, s’adressant à Honoré  
Mets la table, dépêche-toi ! Les assiettes sont dans le placard de gauche. (Puis elle retire l’ordinateur des mains de Roberto) Quant à toi, Roberto, tu veux bien éteindre ton ordinateur 5 minutes ! Merci !  
 
ROBERTO 
Mais… je n’ai pas fini… 
 
HONORE 
Tu reprendras la discussion avec ta fée plus tard !  
 
Honoré dispose les assiettes sur la table 
 
LUNA BELLA, surgit, une fourchette en main 
Ce soir, j’ai apporté ma fourchette !  
 
FRANCESCA  
Retourne immédiatement dans ta cabine, Luna !  
 
LUNA BELLA 
J’ai faim !  
 
FRANCESCA  
Tu as été puni, tout à l’heure. 
 
LUNA BELLA 
Je m’ennuie dans ma cabine. 
 
FRANCESCA  
Je ne veux rien savoir.  
 
LUNA BELLA, fait demi-tour et s’en va en pleurant 
Ouin ! Ouin ! Ouin ! 
 
 
 
FIN DE LA SCENE 3 
 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 4 
 
FRANCESCA, sert les Lasagnes dans les assiettes à l’aide d’une grosse louche 
Où sont passés le capitaine Rosario et sa seconde moitié ?  
 
TINI, surgit  
J’arrive ! Dites, quelqu’un a vu Rosario ? Il n’est pas sur le pont. 
 
LANOUAR 
Il est sensé être à la barre du navire. 
 
TINI 
La barre n’y est pas non plus.  
 
FRANCESCA 
Pas question de manger sans lui ! Vas le chercher, Tini !  
 
TINI 
Dans ce brouillard épais, il est difficile de distinguer quelqu’un au-delà de cinquante centimètre.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
J’espère que le requin blanc ne l’a pas dévoré tout cru !?  
 
HONORE 
J’ignorais qu’il y avait des requins dans la manche. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Celui-la vient du l’océan pacifique et n’agit que dans le brouillard sans fin. Il dévore la bonne chair fraîche qui se présente à lui.  
 
TINI 
Quelle horreur !  
 
FRANCESCA 
Ce n’est vraiment pas marrant du tout, Compagnon Belleplume !  
 
LANOUAR 
Surtout lorsqu’on est sur le point d’aborder un plat de lasagnes. (Il se saisie ensuite d’une fourchette) Bon, on attend quoi pour souper ?  
 
FRANCESCA 
On attend le bon vouloir du Capitaine Rosario. 
 
LANOUAR 
J’ai une faim de requin !  
 
VICTOR BELLEPLUME, ricane 
Le requin blanc a une ouïe très fine, Lanouar. Il t’écoute !  
 
TINI 
Quelle horreur !  
 
LANOUAR, tape sur son assiette avec la fourchette 
Et si on commençait à déguster ces fameuses Lasagnes en attendant l’arrivée de notre capitaine ô mon capitaine ? Qu’en dites-vous les amis ?  
 
FRANCESCA 
Pas question ! 
 
HONORE 
Ecoutez ! J’ai une idée ! Patientons quelques instant… le temps que le brouillard se dissipe… après quoi nous nous mettrons en quête du Capitaine ô mon capitaine !  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Le brouillard sans fin ne se dissipe jamais… du moins… tant que le requin blanc n’aura pas dévoré tous les passagers.  
 
TINI 
Quelle horreur !  
 
 
FIN DE LA SCENE 4 
 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 5 
 
Roberto a replongé le nez dans l’écran de son ordinateur entre temps… 
 
LANOUAR 
Les Lasagnes de Francesca refroidissent. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
De tout temps, les pêcheurs de la côte ouest d’Angleterre, ont redouté le brouillard sans fin. Les ragots sur son compte ne manquent pas, voyez-vous… 
 
Tini s’est blottie dans les bras de Honoré et claque des dents… 
 
LANOUAR, remplit une grosse louche de Lasagnes dans son assiette 
Vous m’excuserez, les amis… j’ai vraiment une faim de requin !  
 
 
 
VICTOR BELLEPLUME 
L’histoire remonte au 18ième siècle durant la grande période esclavagiste. Des bruits courraient dans tout le royaume d’Angleterre comme quoi le peuple Marron, des esclaves rebelles, qui s’était retranché depuis quelques mois dans la partie sud ouest de la Jamaïque, cachait un trésor précieux. Le grand navigateur George eut vent de l’affaire et décida aussitôt de se rendre sur l’île pour y recueillir de plus près ces informations, accompagné d’une poignée de vaillants gaillards, Quelques temps plus tard, son vaisseau gagna les côtes jamaïcaines occupées par les irréductibles Marrons, et jeta l’encre. A la nuit tombée, George le navigateur se rendit avec ses hommes de main sur la côte à bord d’une embarcation. Or, une fois la rive atteinte, ils furent aussitôt constitués comme prisonniers et entraînés au village des rebelles. Nyabinghi, le grand chef Marron qui était à l’origine de la lutte des esclaves organisa une veillée au coin d’un grand feu en l’honneur des visiteurs. Nyabinghi était un pacifiste. Il n’avait nullement l’intention de tuer ses hôtes. Bien au contraire, la présence de ces derniers était l’occasion rêvée pour faire passer un traité de paix d’où il était question d’abolition de l’esclavagisme, de l’indépendance de l’île et le départ anticipé des colons.  
 
LANOUAR, dévore les Lasagnes  
Excellentes, ces Lasagnes !  
 
VICTOR BELLEPLUME 
En échange, le chef des Marrons promettait de révéler le trésor des indiens Arawaks, les premiers occupants de l’île. Nyabinghi était loin de se douter de la supercherie qui l’attendait cette nuit-là. il ignorait la réputation de George le flibustier. Celui-ci s’apprêtait à faire un pacte avec le plus cruel des navigateurs, un homme avide d’or, prêt à justifier des crimes abominables pour arriver à ses fins. De plus, le navigateur se fichait bien de la politique de son pays à laquelle il n’avait aucun rôle à y jouer puisqu’il n’y connaissait rien de rien. Seule la convoitise intéressait le navigateur qui accepta aussitôt le traité sans même en discuter. En signe de reconnaissance, Nyabinghi lui passa autour du cou l’une des dents du redoutable Requin Blanc Xaymaca que le chef avait lui-même arraché dans la gueule de la bête. L’évènement fut aussitôt célébré devant un feu scintillant, dans la bonne humeur, accompagnée de tambours. Nyabinghi jeta dans le feu une herbe magique qui se répandit alentour. Il se saisit de la dent du requin blanc et la plaça sur un petit monticule de braises. A haute voix, il prononça des incantations. Ensuite, il récupéra la dent de requin et la mit autour du cou de George, invitant ce dernier à le suivre à l’intérieur d’une grotte où l’attendait des sacs remplis d’or. Au petit matin, George et ses gaillards quittèrent rapidement la Jamaïque en emportant tout le butin, abandonnant les Marrons au triste sort qui les attendait.  
 
VICTOR BELLEPLUME, toujours 
En effet, suite au traité de paix établi la veille, tous les rebelles, sans exception, Nyabinghi en tête, se rendirent pacifiquement dans la grande ville pour annoncer la bonne nouvelle à la population, pensant naïvement que George le navigateur avait communiqué le traité aux autorités coloniales de l’île et que le tour était joué, Arrivés sur la place public, croyant y trouver un accueil chaleureux auquel a droit tout libérateur digne de ce nom, Nyabinghi et la troupe des rebelles au grand complet, accompagnés de tambours, commencèrent à entonner des chants de paix et de liberté pour célébrer avec la population la victoire. La fête battait sont plein. La population avait retrouvé la joie de vivre. Tout le monde dansait, chantait à l’unisson. La liberté retrouvée sans faire couler de sang. Voilà qui promettait un avenir radieux pour ces hommes et ces femmes qui aspiraient depuis si longtemps au bonheur. Quelques esclaves irréductibles avaient, en quelques minutes, raillé à tout jamais de la carte des années de souffrance, de torture et d’humiliation. Les esclaves étaient à présent libres ! S’en était fini avec la servitude, l’oppresseur allait enfin quitter l’île. Des hommes et des femmes auraient enfin le droit à la dignité, au respect… Tout le monde pourrait aller où bon lui semble et venir quand bon lui semble ! Pendant ce temps-là, les autorités colonialistes faisaient boucler la ville… 
 
 
 
FIN DE LA SCENE 5 
 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 6 
 
LANOUAR, dévorant les Lasagnes 
J’aimerais bien manger mes lasagnes dans le silence.  
 
ROBERTO, cesse de frapper sur son clavier d’ordinateur 
Et que s’est-il passé ensuite, Compagnon Belleplume ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Voilà tout !  
 
HONORE 
Comment cela, voilà tout ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Le requin Blanc racontera la suite à Lanouar ! (Il explose de rire) Ah ! Ah!  
 
TINI 
Quelle horreur !  
 
LANOUAR, dévore ses lasagnes 
Je vais finir par dévorer tous les Lasagnes !  
 
FRANCESCA 
Vas chercher Rosario, Tini ! Et que ça saute ! 
 
TINI 
Quelqu’un m’accompagne sur le pont ? Je vais aller chercher le Capitaine dans le brouillard… cela me donne la chaire de poule… 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Le requin adore la bonne chaire ! (Il explose de rire) Ah ! Ah ! Ah !  
 
ROBERTO, se lève de table 
Je te suis, Titi ! Passe devant !  
 
HONORE 
Je vous accompagne. 
 
TINI 
Passe devant, Honoré ! 
 
HONORE 
Non, non, j’insiste !  
 
FRANCESCA, pause le plat de lasagnes sur la table et s’apprête à sortir 
Bande de poules mouillées ! Allons-y tous ensemble ! (Elle prend Victorpar le bras et le pousse vers la sortie) Passez devant, mon cher  
Victor Belleplume !  
 
Tout le monde quitte les lieux, sauf Lanouar qui dévore les lasagnes 
 
FIN DE LA SCENE 6 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 7 
 
 
LANOUAR, LA JOURNALISTE (Sous les traits du Requin Blanc)  
 
Le plat de lasagnes est pratiquement vide… une bouteille vin bouchée  
repose sur la table… 
 
LA JOURNALISTE, surgit toute trempée, la barre à la main 
Bonsoir, Monsieur Lanouar ! (Lanouar ne dit mot) Bonne appétit ! (Lanouar ne dit mot) J’ai rapporté la barre… (Lanouar ne dit mot) Sacré  
brouillard à l’extérieur ! La croisière est en train de stagnée le long de la côte, vous ne trouvez pas, mon ami ! (Lanouar ne dit mot) C’est à vous que je m’adresse, Lanouar !  
 
LANOUAR, dévorant ses Lasagnes avec les mains 
Vous m’excuserez, Mademoiselle… je n’aime pas parler la bouche pleine. 
 
LA JOURNALISTE, s’assoit à table  
Vos amis ne soupe pas ?... (Elle se saisit du plat de Lasagnes) Je peux me servir ?... 
 
LANOUAR, lui retire le plat des mains 
Désolé, Mademoiselle… ce soir, j’ai une faim de requin, voyez-vous…  
 
LA JOURNALISTE 
Il ne va pas tarder à se manifester. 
 
LANOUAR, parlant la bouche pleine 
Qui donc ne va pas tarder à se manifester ? 
 
LA JOURNALISTE 
Le requin Blanc Xaymaca. 
 
LANOUAR, parlant la bouche pleine 
Je ne crois pas à toutes ces conneries ! 
 
LA JOURNALISTE 
Voilà très longtemps qu’il prend possession de l’âme des navigateurs pour semer la terreur. 
 
LANOUAR 
Les Lasagnes de Francesca étaient franchement excellentes !  
 
LA JOURNALISTE 
« Les autorités coloniales avaient bouclé la ville toute entière. En quelques secondes, une horde de chasseurs de primes armée jusqu’au dent, surgit de nulle part, accompagnée de monstrueux Dogues affamés que les maîtres avaient peine à tenir en laisse. En un éclair, la horde, constituée d’une centaine d’hommes environ, tira sur les rebelles en liesse. Tous les Marrons furent abattus sur le champ. Aussitôt après le massacre, les cadavres furent donnés en pâture aux dogues voraces qui s’empressèrent de les dévorer.  
 
 
 
FIN DE LA SCENE 7 
 
 
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ACTE 1 / SCENE 8 
 
 
LANOUAR, se saisit de la bouteille de vin et la débouche  
J’ai soif !  
 
LA JOURNALISTE, se lève et se place dans le dos de Lanouar qui lèche à présent son assiette 
Quelques mois plus tard, George et ses gaillards arrivèrent sur la côte ouest d’Angleterre le navire chargé d’or. Traversant un brouillard épais, le flibustier ordonna que l’on ralentisse la course pour ne pas que la coque du navire heurte le récif. Il tenait à préserver son butin. Le brouillard persistait et devenait de plus en plus épais. Le navire faisait du surplace. Peu à peu, l’inquiétude gagna tout l’équipage. George le menteur se moquait bien du brouillard et de ses hommes. Tout ce qui comptait à ses yeux se trouvait dans la calle du navire, là où reposait l’or des indiens Arawaks. Tant et si bien qu’il décida d’y installer son cartier général. Il s’enferma à double tour et interdit quiconque de le déranger jusqu’à nouvel ordre. Seul, au fond de la calle du navire, le flibustier exultait.  
 
LA JOURNALISTE, toujours 
Pareil à un chat docile, il se blottissait contre les sacs remplis d’or. Il se voyait déjà devenir l’objet de toutes les conversations dans des réceptions londoniennes spécialement organisées pour lui. Il se voyait déjà, la bourse pleine, arpentant jovialement les plus belles avenues de la capitale, courtisé sur son chemin, çà et là, par les plus jolies filles du royaume. Il imaginait la haute société anglaise s’agenouiller devant son passage. Il se voyait déjà anobli par le roi d’Angleterre. Le triomphe lui  
montait à la tête.  
 
LANOUAR, a du mal à déboucher la bouteille 
Ce bouchon est drôlement coriace !  
 
LA JOURNALISTE 
Fortuné qu’il était, à présent, George pouvait s’acheter le plus beau château du royaume pour y couler des jours tranquille auprès d’une nichée de dalmatiens. Quant alors, au beau milieu de ses fantasmes les plus extravagants, une douce vapeurs fluorescente jaillit de la dent de requin qu’il portait en pendentif. La douce vapeur s’infiltra dans les cloisons nasales du nouveau riche, et alla se loger dans son cerveau. Le navigateur fut alors pris de spasme. En quelques seconde, l’esprit de Xaymaca le requin blanc s’était emparé de son esprit. George prit aussitôt l’apparence d’un requin monstrueux. Rapidement, il se rendit sur le pont du navire et dévora tout l’équipage.  
 
LANOUAR, débouche la bouteille  
Enfin !  
 
LA JOURNALISTE 
Durant des siècles, le long de la cote ouest fut frappé par la terreur.  
 
LANOUAR, se sert un verre  
Votre conte de fée donne franchement soif !  
 
LA JOURNALISTE, toujours placée dans le dos de Lanouar, prend la forme du requin blanc  
De nos jours, des pêcheurs racontent que quiconque traversera le brouillard sans fin… 
 
LANOUAR, lève son verre  
A votre santé, mademoiselle ! 
 
LA JOURNALISTE, sous les traits du requin, ouvre grand la gueule 
Sera frappé par la vengeance de Xamayca le requin blanc. 
 
Après quoi, elle dévore Lanouar tout cru.  
Un nuage de fumée envahit ensuite l’endroit… 
 
FIN DE LA SCENE 8  
 
 
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EPILOGUE 
 
LE CONTEUR, VICTOR BELLEPLUME, LA FEMME DU CONTEUR 
 
Le nuage de fumée se dissipe… 
Nous revoici dans le hameau de Bucine en Toscane, en des temps avancés… 
 
Il y a là toujours la grande cheminée (aux grandes flammes flamboyantes), tout près de laquelle se tiennent deux chaises et un 
banc 
 
Les 3 masques sont toujours accrochés au dessus de la cheminée (3 masques en forme de papillon à tâches dorées : un bleu, un violet et un 
blanc 
 
LA VOIX DU CONTEUR, à l’intérieur de la cheminée  
Quel bon vent t’amène, compagnon Belleplume ? 
 
VICTOR BELLEPLUME 
J’aurai pensé à tout, sauf à la cheminée. Tu as planqué tes lingots à l’intérieur, Roberto ? C’est bon, montre-toi !  
 
LA VOIX DU CONTEUR 
Es-tu certain que ce soit moi ? 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Qui d’autre ? 
 
LA VOIX DU CONTEUR 
Mot de passe ! 
 
VICTOR BELLEPLUME 
« Que les étoiles éclairent ton chemin ! » 
C’est alors que les flammes de la cheminée s’éteignent brusquement… 
 
LE CONTEUR, sort de la cheminée 
Kenavo, caro amico ! Les grands esprits auraient-il décidé de se retrouver à nouveau !? Comment as-tu fait pour retrouver ma trace, Victor Belleplume ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je me suis fié à ma bonne étoile, comme toujours !  
 
Après quoi, le feu se rallume dans l’âtre de la cheminée 
 
LE CONTEUR, qui contemple le tableau qui repose sur le chevalet 
Tu dessines toujours aussi magnifiquement bien, Victor!. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Merci pour le énième compliment.  
 
LE CONTEUR, qui se penche sur le tableau 
Où mène cette porte placée au beau milieu du tableau, mon ami ? 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Vers de mystérieux voyages. 
 
LE CONTEUR 
Tu es venu ici pour me tenter, hein ? 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Là où je dois me rendre, je ne puis m’y rendre seul, vois-tu, conteur.  
 
LE CONTEUR 
Autrement dit, tu comptes sur moi pour t’accompagner.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je ne pense pas que tu puisses faire l’affaire. Tu t’es trop encroûté derrière ton ordinateur ces dernières années. Aussi, tu risques fort de  
t’essouffler au bout d’un kilomètre. Ton cœur pourrait bien lâcher. 
 
LE CONTEUR 
Ne crois pas si bien dire, j’ai encore du ressort pour franchir n’importe quel sommet à mon âge. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Seulement voilà, vieille branche, il y a un hic : tu n’as plus ton micro-téléportateur-véhiculaire pour réaliser cet exploit.  
 
LE CONTEUR 
Tu désires prendre une tasse de thé ? 
 
VICTOR BELLEPLUME 
La mystérieuse femme du conteur s’en occupe. 
 
LE CONTEUR 
Ah ! Je vois que les présentations ont été faites.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Sinon, es-tu prêt pour vivre de mystérieux voyages ? 
 
LE CONTEUR 
Un instant, Victor! Tout d’abord, nous allons fêter nos retrouvailles. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Oui, mais alors, vite fait !  
 
LA FEMME DU CONTEUR, surgit avec un plateau sur lequel repose une théière et des tasses de thé 
Le temps de déguster notre fameux thé au jasmin, messieurs. Après quoi vous pourrez aller où bon vous semble par delà et là pour. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Vous avez oubliez les Lasagnes, madame. 
 
LE CONTEUR 
Décidément, tu n’as pas changé, mon ami. Toujours aussi exigeant !  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je regrette, mon vieux, mais ça fait dix minutes que ta dame me fait saliver avec ses Lasagnes… alors, faut pas s’étonner si je les réclame à  
présent… d’ailleurs, je n’en vois toujours pas la couleur.  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Vous aurez tout le temps de les déguster avec Francesca. 
 
LE CONTEUR 
Que vient faire Francesca dans cette histoire ? 
 
LA FEMME DU CONTEUR 
N’es-tu pas en train d’écrire tes mémoires, ces jours-ci, mon ami ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Ta compagne semble être sur la même longueur d’onde que moi !?  
 
LA FEMME DU CONTEUR 
Il y a des voyages inachevés qui doivent reprendre espoir ! Tant que nous seront vivants, jusqu’à notre dernier souffle, nous devons poursuivre nos rêves ! Elle quitte les lieux 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Cela, je l’entends bien.  
 
LE CONTEUR, sert le thé 
Je peux savoir ce que vous mijotez tous les deux, Victor ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Une grande aventure nous attend, mon ami. 
 
LE CONTEUR 
Où comptes-tu m’entraîner exactement ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
C’est toi le premier qui m’y a entraîné, je te rappelle.  
 
LE CONTEUR 
Je ne vois absolument pas de quoi tu veux parler, compagnon ? 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Cette année-là, on a vraiment eu chaud en mer ! J’ai bien cru qu’on ne sortirait plus du brouillard. Je me demande encore qui a bien pu nous tendre ce piège dans l’unique but de nous effrayer.  
 
LE CONTEUR 
Et moi qui souhaitait prendre le temps de vivre et goûter enfin aux joies de l’existence !  
 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Or, la réalité nous présenta un autre tableau bien plus cynique. 
 
LE CONTEUR 
Nous dûmes renoncer à ce voyage. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Il faut admettre que nous n’avions d’autres choix. La vie n’est pas toujours très rose pour les aventuriers rêveurs. 
 
LE CONTEUR 
Ami, sais-tu que les mots d’amour voyagent mal de nos jours. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Nous repartîmes encore plus lourd.  
 
LE CONTEUR 
Notre sort était-il vraiment voué à ce point à l’échec ? Comment se fait-il que rien ne nous souriait cette année-là ?... alors que l’on s’était donné tant de peine pour les préparatifs, alors qu’on y croyait très fort… 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Ce n’était pas le tout d’y croire. Il nous manquait surtout les moyens pour réaliser nos projets et si ce n’était que cela… il nous manquait le salut !  
 
LE CONTEUR 
Depuis, le temps s’est arrêté pour moi, morose. Je ne crois plus en rien. Je ne crois plus en quiconque. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Les gens se défilent face à l’adversité et le courage leur manque pour gagner la rive d’en face.  
 
LE CONTEUR 
Pourquoi se content-ils toujours de si peu ? Pourquoi ne sont-ils pas plus enthousiastes, pas plus emballés, déterminés, émerveillés et que sais-je encore ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
La lâcheté est une vertu qui coure de plus en plus les rues de nos jours. Les hommes se contentent de peu, seul le le confort les intéressent.. 
 
LE CONTEUR 
Et dire, mon cher Victor, que tu commençais à peine à mettre de la couleur dans cette histoire.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Il n’est jamais trop tard pour bien faire..  
 
LE CONTEUR 
Trop tard ! C’est au moment des faits qu’ils nous fallaient agir. Plus de quarante ans sont passés depuis… 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Nous allons agir très prochainement. 
 
LE CONTEUR 
A oui ! Comment cela ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Cela fait parti des futures aventures. 
 
LE CONTEUR 
Quelles futures aventures ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Dieu sait que nous allons en vivre, crois-moi ! 
 
LE CONTEUR 
De quoi tu parles ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Ne sommes-nous pas sensés nous retrouver pour vivre de mystérieux voyages ensemble ?  
 
LE CONTEUR 
Je suis beaucoup trop vieux pour vivre des Aventures ! 
 
VICTOR BELLEPLUME 
N’avons-nous pas plusieurs vies pour nous racheter de nos erreurs ? Tu semblerais avoir perdu la grâce Divine en toi !? 
 
LE CONTEUR 
Cela se pourrait ? 
 
VICTOR BELLEPLUME 
La jeunesse n'est pas une période de la vie, 
Elle est un état d'esprit, un effet de la volonté,  
une qualité de l'imagination, une intensité émotive, 
Une victoire du courage sur la timidité,  
du goût de l'aventure sur l'amour du confort. 
On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années : 
On devient vieux parce qu'on a déserté son idéal. 
Les années rident la peau ; renoncer à son idéal ride l'âme. 
Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs 
sont les ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre 
et devenir poussière avant la mort. 
Jeune est celui qui s'étonne et s'émerveille. Il demande 
comme l'enfant insatiable : Et après ? Il défie les événements 
et trouve de la joie au jeu de la vie. 
Vous êtes aussi jeune que votre foi. Aussi vieux que votre doute. 
Aussi jeune que votre confiance en vous-même. 
Aussi jeune que votre espoir. Aussi vieux que votre abattement. 
Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif. 
Réceptif à ce qui est beau, bon et grand. Réceptif aux messages 
de la nature, de l'homme et de l'infini. 
Si un jour, votre coeur allait être mordu par le pessimisme 
et rongé par le cynisme, puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard. 
 
Général Mac Arthur, Normal Instructor & Primary Plan ,1945. Traduction de Youth de Samuel Ulman (1840-1924)  
 
LE CONTEUR 
Enfin, tu commences à saisir l’essence même du pourquoi et du comment de notre existence sur terre. (Puis il déguste le thé) 
 
VICTOR BELLEPLUME  
Toujours aussi parfumé ton thé au jasmin !  
 
LE CONTEUR 
C’est qu’il a été infusé avec Amour ! Bon, On en reparle plus tard si tu  
veux bien.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
A propos, as-tu eu des nouvelles de ce jeune homme… comment est-ce son prénom ? Ah oui ! Yann Hesse ! As-tu eu des nouvelles de lui depuis ? 
 
LE CONTEUR 
Pas plus que je n’en ai eues de la part du Comte de la Bouche-en-Biais. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Christophe Rodolphe David Miguel Charles Henri et j’en passe était un véritable phénomène ! Je me souviens de Sa Majesté comme si c’était hier. Remarque, j’ai eu à peine le temps de faire sa connaissance qu’au beau milieu de notre discussion, le brouillard sans fin est passé par là… et puis, plus rien, plus de nouvelles du Comte, ce dernier disparut à tout jamais !  
 
LE CONTEUR 
Nous avons aussitôt retrouvé la terre ferme et à mon grand regret, je mis aussitôt un terme à mes aventures fantastiques. Le drame auquel nous avions assisté ne pouvait me laissé indifférent. Dès lors, la question était de savoir comment allais-je pouvoir vivre d’autres aventures sans la présence de mon fidèle ami ? Comment m’amuser en ayant sa disparition sur ma conscience. D’autant que je ne lui avais pas tendu la  
main au moment des faits tragiques.. 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Tu vas peut-être avoir une chance de te racheter dans quelques temps, mon ami ? 
 
LE CONTEUR 
Nul ne peut modifier le passé.  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Je n’en suis pas si sûr !  
 
LE CONTEUR 
Peut-on réaliser un tel prodige ?  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Le joyau éternel a ce pouvoir.  
 
LE CONTEUR 
Hélas, Yann Hesse l’a emporté avec lui !  
 
VICTOR BELLEPLUME 
Il ne peut appartenir à un seul homme et doit circuler entre les mains de tout bienfaiteur de l’humanité.  
 
LE CONTEUR 
Maintes fois j’eus recourt à cet objet… 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Ton objectif n’a pas été encore atteint. Vois plutôt! J’ai retrouvé un vieux texte datant de la Renaissance non loin du Royaume de cristal… 
 
LE CONTEUR 
Le Royaume de cristal ? 
 
VICTOR BELLEPLUME 
J’ai failli m’y rendre… mais le Brouillard Sans Fin, une fois de plus, s’était mis en travers de ma route. Les portes de la connaissance ne peuvent s’ouvrir sans le mot de passe.  
 
LE CONTEUR 
Le mot de passe, dis-tu ?  
 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Beaucoup sont appelé et très peu sont élus ! Toujours est-il que voici les fameux écrits ayant appartenus jadis au Marquis de Toscane, prince de Toscane qui s’était rendu dans un pays où nul n’avait jamais encore mis les pieds pour y découvrir la demeure du Maître des Mondes… (Puis il sort un livre de sa poche et lui conte un récit) Voici les notes qui ont été prises lors de son grands voyage : « La Légende des Compagnons Balladins raconte que la bague réapparaîtra dans tes mains, et qu’ainsi tu retrouveras ton chemin et la force du nouvel age afin de poursuivre ta quête, serein, pendant mille et une années embaumées de jasmin, clairsemées d’amour, de fraternité et d’amitié au quotidien, au service de la paix et de son prochain. » 
 
LE CONTEUR 
Plus vite réapparaîtra-t-elle, plus vite nous pourrons reprendre le fil de cette histoire inachevée… 
 
VICTOR BELLEPLUME 
Or, il te faudra tout d’abord affronter « Le Brouillard Sans Fin » !  
 
Un énorme nuage de fumée sort de la cheminée à ce moment-là et envahit la pièce… 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
Fin du 3-ième épisode 
 
 
 
 
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