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EPISODE 16. LA TÊTE DANS LES NUAGES
L'Episode 16 “ LA TÊTE DANS LES NUAGES » est la deuxième partie de la pièce intégrale " DIVINE ET LA COLOMBE " (Pièce illustrée) que vous pouvez découvrir en cliquant sur ce lien
TITRE « LES NOUVELLES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO »
dans :
« La tête dans les nuages »
16-ième épisode
MADEMOISELLE DIVINE
LA COLOMBE
AGATHE
APPOLINAIRE
BAGAITA
KAÏS
MELANIE
FLORE
LE PRINCE CHARMANT
GENRE : Comédie Fantastique
AUTEUR : Emilien Casali
Lieu : L’action débute à bord de la Salamandre…
EPISODE 16 : « LA TETE DANS LES NUAGES » (2005) (Pièce illustrée)
Deuxième partie de la pièce « Divine et la Colombe » (9 personnages)
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques)
Emilien CASALI
Email : casali-emilien1@orange.fr
http://emiliencasali.populus.ch/
http://compballadins.populus.ch/
http://biblioscolaire.populus.ch/
PROLOGUE
MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, DES ENFANTS
Nous sommes dans une cours d’école…
Mademoiselle Divine joue dans la cour d'école à l'heure de la récréation en compagnie de ses camarades de classes quand soudain, une magnifique colombe se pose non loin de là.
LA COLOMBE, s'adresse au groupe d'enfants avec à sa tête Mademoiselle Divine
Approchez-vous, les enfants, j'ai à vous parler d'urgence !
MADEMOISELLE DIVINE
Qui es-tu ?
LA COLOMBE
Je suis une colombe, cela ne se voit pas, petite ?
MADEMOISELLE DIVINE
Je ne suis pas une petite ! Moi, je m'appelle Divine. Mon papa s'appelle Honoré et ma maman Julie. (Elle désigne du doigt ses copines) Elles, ce sont mes copines de classe. Et ici, tu es dans une cours d’école ! Les étrangers n’ont rien à faire ici. Qu'est-ce que tu nous veux ? Et puis d'abord, comment se fait-il que tu parles ? Un oiseau ne parle pas.
LA COLOMBE
Je ne suis pas tout à fait un oiseau comme les autres.
MADEMOISELLE DIVINE
Je ne te crois pas, Colombe !
LA COLOMBE
C'est pourtant vrai, je t'assure.
MADEMOISELLE DIVINE
Dans ce cas, bats de l'ail, Colombe ! Allez, dépêche-toi ! Tout le monde te regarde !
LA COLOMBE
Tu préfères l'ail droite ou l'ail gauche ?
MADEMOISELLE DIVINE
Fais comme tu voudras, Colombe ! Et surtout, dépêche-toi ! J'entends sonner la cloche, la récréation est terminée. Il faut que retourne en classe. J’ai un cours de poésie qui m’attend. Dépêche-toi, voyons !
LA COLOMBE, bat des ailes
Tu me crois, maintenant ?
MADEMOISELLE DIVINE
Bof ! Bof ! La poule de mon voisin fait exactement la même chose que toi. Vraiment, je ne vois pas ce que tu as de si différent des autres oiseaux à plumes... Bon, d'accord, tu parles ! Et alors ? Cela ne prouve rien. Moi aussi, je parle.
LA COLOMBE
Je l'ai remarqué.
MADEMOISELLE DIVINE
Tu m'excuses, mon amie la Colombe, je dois absolument rentrer en classe. Sinon, je vais me faire gronder par ma maîtresse.
LA COLOMBE
Tu as déjà voyagé dans les airs, Divine ?
MADEMOISELLE DIVINE
Honoré, mon papa, m'a dit qu'un jour il me ferait faire un grand voyage en avion tout là-haut dans les nuages !
LA COLOMBE
Je prie pour que ton vœu soit exaucé, Divine.
MADEMOISELLE DIVINE
C’est vraiment très cool de ta part !
LA COLOMBE
Ton vœu, c’est un peu le mien aussi.
MADEMOISELLE DIVINE
Vraiment ?
LA COLOMBE
A propos, ton papa t’a dit où il comptait t’emmener exactement ?
MADEMOISELLE DIVINE
Je ne te le dirai pas. C’est un secret entre mon papa Honoré et moi.
LA COLOMBE
Dis-moi ton secret et je te dirai le mien ensuite !
MADEMOISELLE DIVINE
Non ! Dis-moi d’abord le tien, et ensuite, je te dirai le mien.
LA COLOMBE
De toute façon, je sais où ton Papa veut t’emmener ?
MADEMOISELLE DIVINE
Tu ne trouveras jamais !
LA COLOMBE
Mais si, mais si !
MADEMOISELLE DIVINE
Mais non, mais non !
LA COLOMBE
Mais si, mais si !
MADEMOISELLE DIVINE
Très bien. Dans ce cas là, si tu trouves mon secret, moi aussi je prierai pour que ton vœu soit exaucé.
LA COLOMBE
Ah ! Ah ! je vois que tu aimes jouer.
DIVINE
J’adore jouer.
LA COLOMBE
Très bien.
DIVINE
Je t’écoute.
LA COLOMBE
Tu as déjà vu la tour Effel ?
MADEMOISELLE DIVINE
Mon Papa m’a dit que la tour Effel se trouvait à Paris.
LA COLOMBE
Et ton papa t’a dit aussi que c’était le plus haut monument de Paris.
MADEMOISELLE DIVINE
Comment tu sais tout ça, Colombe ?
LA COLOMBE
Je te l’ai dit, je ne suis pas un oiseau comme les autres.
MADEMOISELLE DIVINE
Tu es une maligne, Colombe !
LA COLOMBE
Pas autant que toi, Divine.
MADEMOISELLE DIVINE
Je te signale que tu n’as toujours pas deviné mon secret.
LA COLOMBE
Et pourtant, je ne suis pas loin du but.
MADEMOISELLE DIVINE
Trop tard ! Tu dois me livrer le tien à présent.
LA COLOMBE
Mais non, mais non !
MADEMOISELLE DIVINE
Mais si, mais si !
LA COLOMBE
Mais non, mais non !
MADEMOISELLE DIVINE
Mais si, mais si !
LA COLOMBE
Eh bien, j’ai trouvé !
MADEMOISELLE DIVINE
Tu m’as juste parlé de la tour Effel. Et alors ? Cela ne prouve rien.
LA COLOMBE
Mais si, mais si !
MADEMOISELLE DIVINE
Mais non, mais non !
LA COLOMBE
Ton papa veut t’emmener en France, c’est bien cela ?
MADEMOISELLE DIVINE
Tu as découvert mon secret. Ce n’est pas juste, mais alors pas juste du tout !
LA COLOMBE
J’ai gagné !
MADEMOISELLE DIVINE
Tu m’excuses, belle colombe, mais je dois absolument retourner en classe, j’ai un cours de poésie qui m’attend.
LA COLOMBE
Un instant, Divine. Où vas-tu ? Tu ne peux pas partir comme cela. Tu dois d’abord exaucer mon vœu.
MADEMOISELLE DIVINE
Mais non, mais non !
LA COLOMBE
Mais si, mais si !
MADEMOISELLE DIVINE
Et ensuite, tu me diras ton secret ?
LA COLOMBE
Promis !
MADEMOISELLE DIVINE
Dans ce cas, allons-y ! C’est quoi ton vœu ?
LA COLOMBE
Tu apprends la poésie, c’est bien cela ?
MADEMOISELLE DIVINE
Je commence à peine. Bon. Abrège un peu !
LA COLOMBE
J’aimerais que tu lises un poème avec moi à haute voix. Tu veux bien faire cela pour moi ?
MADEMOISELLE DIVINE
Tu sais bien que mes connaissances en poésie sont minimes. Je regrette, mais je n’ai jamais entendu parlé de ce poème.
LA COLOMBE
Pas de vœu, pas de secret !
MADEMOISELLE DIVINE
Tu es compliqué, Colombe. Si c’est comme cela, je m’en vais.
LA COLOMBE
Je lance le premier couplet, et tu poursuis. On fait comme cela, Tu vas voir, c’est magique !
MADEMOISELLE DIVINE
Dépêche-toi, voyons ! Dépêche-toi !
LA COLOMBE
Sur mes cahiers d'écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J'écris ton nom
La Colombe marque un léger temps d’arrêt
FIN DU PROLOGUE
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ACTE 1 / SCENE 1
MADEMOISELLE DIVINE
J’ai comme l’impression que le cours de poésie a déjà commencée.
LA COLOMBE
Surtout, reste concentrée !
MADEMOISELLE DIVINE
Ton poème est joli, en effet, mais je n’y arriverai pas.
LA COLOMBE
Je t’assure que tu peux le faire. Applique-toi !
MADEMOISELLE DIVINE
Mais non, mais non !
LA COLOMBE
Mais si, mais si !
MADEMOISELLE DIVINE
Zut alors ! Que ne faut-il pas faire pour découvrir un secret !
LA COLOMBE
Grimpe sur mon dos ! Tu trouveras beaucoup mieux l’inspiration en altitude!
MADEMOISELLE DIVINE
Il n’est pas question que je fugue de l’école. Si jamais papa Honoré l’apprend, il va me priver de dessert pour le restant de l’année.
LA COLOMBE
Ne t’en fais pas, il est au courant. C’est d’ailleurs lui qui m’a donné la permission de t’enlever. Papa Honoré sait parfaitement que tu n’as rien à craindre avec la Colombe de la Liberté.
MADEMOISELLE DIVINE
Et dire que mon rêve était de voler.
LA COLOMBE
En voiture, s’il vous plait !
MADEMOISELLE DIVINE, grimpe sur le dos de la Colombe
Seulement, je te préviens… on ne va pas trop loin.
LA COLOMBE
J’ai un secret à te livrer, Divine.
MADEMOISELLE DIVINE
Ce n’était pas trop tôt ! Je t’écoute, ma chère Colombe.
LA COLOMBE
Nous allons nous rendre ensemble dans les écoles pour y récolter des poèmes d’enfants.
MADEMOISELLE DIVINE
En voilà une drôle d’idée !
LA COLOMBE
Cela te dirait-t-il de faire le tour du monde sur mon dos ?
MADEMOISELLE DIVINE
J’avais dit : pas trop loin !
LA COLOMBE
Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
MADEMOISELLE DIVINE
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
LA COLOMBE
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
(Première partie du poème de Paul Eluard – « Liberté »)
Après quoi, Divine s’envole sur le dos de la Colombe…
FIN DE LA SCENE 1
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ACTE 1 / SCENE 2
BAGAITA, APPOLINAIRE, LA COLOMBE, MADEMOISELLE DIVINE
Divine est placé sur le dos de la Colombe avec qui elle plane dans les airs
MADEMOISELLE DIVINE
C’est génial, mon amie la Colombe ! Trop génial ! J’ai la tête dans les nuages ! Si Papa Honoré et maman Julie voyaient ça, il n’en croirait pas leurs yeux ! J’adore planer dans les airs !
LA COLOMBE
On va bientôt atterrir, Divine.
MADEMOISELLE DIVINE
Déjà ! On vient à peine de décoller !
LA COLOMBE
Je viens d’apercevoir Appolinaire qui hurle près du fleuve sacré !
MADEMOISELLE DIVINE
C’est qui Appolinaire ?
LA COLOMBE
C’est est un garçon très cool ! Il se rend régulièrement au bord du fleuve Congo pour adresser des complaintes au ciel.
MADEMOISELLE DIVINE
En voilà une drôle d’idée ! Il ferait mieux d’apprendre ses leçons !
LA COLOMBE
Ne t’en fais pas pour lui, Divine, Appolinaire est très doué. Il connaît ses leçons sur le bout de ses doigts.
MADEMOISELLE DIVINE
Hein ? Quoi ? Comment cela ?
LA COLOMBE, s’apprête à atterrir au bord du fleuve Congo
Tu verras bien, ma belle ! Bon, maintenant, accroche-toi à mon cou ! Je vais plonger dans le vide !
MADEMOISELLE DIVINE, se pend à son cou
Fais attention ! On va s’écraser, Colombe !
LA COLOMBE
Rassure-toi, Divine, j’ai des milliers d’heures de vol derrière moi.
MADEMOISELLE DIVINE
Je tiens trop à ma vie.
LA COLOMBE
Tu sais, chez moi, l’atterrissage, c’est comme le décollage, un jeu d’enfant ! Vois
plutôt ! (La Colombe plonge dans le vide)
MADEMOISELLE DIVINE
Au secours !
LA COLOMBE, atterrit
Et hop là ! Atterrissage en douceur !
MADEMOISELLE DIVINE, applaudit
Bravo !
La colombe atterrit au bord du fleuve Congo à quelques pas de Appolinaire qui médite
FIN DE LA SCENE 2
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ACTE 1 / SCENE 3
LA COLOMBE, lui pose le doigt sur la bouche
Silence ! Tu vois bien qu’Appolinaire médite.
APPOLINAIRE
Lorsque l'enfant paraît le cercle de famille
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être ?
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître, Innocent et joyeux.
Enfant vous êtes l'aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Qu'on ose pas toucher,
Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire
On rit, on se récrie, on l'appelle et sa mère
Tremble à le voir marcher...
Les yeux des enfants ont une douceur infinie,
Et leur petites mains, joyeuses et bénies,
Ignorent le mal encore !
Jamais, vos jeunes pas n'ont touché notre fange, A l'auréole d'or !
La nuit lorsque tout dort, quand l'esprit rêve, à l'heure
Où l'on entend parfois une petite voix qui pleure,
Sur des ailes d'azur,
Sans le comprendre encore, vous explorez le monde.
Double virginité : corps où rien n'est immonde,
Ame où rien n'est impur !
Il est si beau l'enfant avec son doux sourire,
Ses deux grands yeux ouverts qui ne savent pas mentir.
Dans le mal triomphant :
Préserve-moi Seigneur, d'été sans fleurs vermeilles,
De cage sans oiseaux, de ruche sans abeilles,
D'une Maison sans enfants ...
Lorsque l'enfant paraît - (Victor Hugo)
MADEMOISELLE DIVINE, s’approche de lui et lui tape sur l’épaule
Bonjour, mon frère !
APPOLINAIRE
Salut, petite sœur ! Moi, c’est Appolinaire !
MADEMOISELLE DIVINE
Je m’appelle Divine. Et voici dame la Colombe.
LA COLOMBE
Bonjour, Monsieur Appolinaire !
APPOLINAIRE
Je peux savoir ce que vous faites ici, tous les deux ?
MADEMOISELLE DIVINE
J’ai été désignée pour récolter des poèmes dans le monde entier.
APPOLINAIRE
C’est quoi cette blague ?
LA COLOMBE
Divine dit la vérité, mon frère !
MADEMOISELLE DIVINE
Seulement voilà, je n’ai pas de panier pour les récolter.
LA COLOMBE, fait apparaître un panier
Il suffisait de le demander, Divine.
MADEMOISELLE DIVINE
Ouahou ! Comment tu fais ça ?
LA COLOMBE
N’oublie pas que j’ai plus d’un tour dans mon sac.
MADEMOISELLE DIVINE
Un jour où l’autre, il faudra que tu me donnes des cours de magie.
LA COLOMBE
Pas de problème !
MADEMOISELLE DIVINE
C’est vrai ! Je vais devenir une magicienne ?
LA COLOMBE
Puisque je te le dis !
APPOLINAIRE
Ce n’est pas que je m’ennuie, les amis, mais la nuit va bientôt tomber… il faut que je retourne au village.
MADEMOISELLE DIVINE
Tu me donnes/un poème avant de partir.
APPOLINAIRE
Trop tard, Mademoiselle Divine ! Je viens d’en lancer un dans le ciel ! (Il s’apprête à partir) Bonsoir !
MADEMOISELLE DIVINE, le retient par le bras
Je ne peux pas quitter le fleuve Congo bredouille. De quoi vais-je avoir l’air, maintenant ?
APPOLINAIRE
Tu es tenace, petite sœur.
LA COLOMBE
Mademoiselle Divine sait ce qu’elle veut dans la vie.
MADEMOISELLE DIVINE
Exactement ! (Elle lui tend son panier) Allez ! Donne-moi un poème avant de
partir ! Tu veux bien ?
APPOLINAIRE, se saisit du panier
Grâce à toi, Divine, je vais retrouver ma dignité. Je vais te livrer le plus beau de
mes poèmes. Satisfaite ?
MADEMOISELLE DIVINE, lui fait un gros bisou sur la joue
C’est comme ça que je t’aime, mon frère !
APPOLINAIRE, chante en balançant lentement le panier
Sur tous mes chiffons d'azur
Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom
Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom
(Seconde partie du poème « Liberté » de Paul Eluard)
BAGAITA, surgit au même moment prenant Appolinaire par le bras
Enfants d'un jour, ô nouveaux nés,
Petites bouches, petits nez,
Petites lèvres demi-closes
Membres tremblants,
Si frais, si blancs,
Si roses.
Enfants d'un jour, ô nouveaux nés,
Pour le bonheur que vous donnez
A vous voir dormir dans vos langes
Espoir des nids
Soyez bénits !
Chers anges !
Pour vos grands yeux effarouchés
Que sous vos draps blancs vous cachez,
Pour vos sourires, vos pleurs même,
Tout ce qu'en vous,
Etres si doux,
On aime !
Lorsque sur vos chauds oreillers,
En souriant vous sommeillez,
Près de vous tout bas, ô merveille !
Une voix dit :
- Dors beau petit,
Je veille.
C'est la voix de l'ange gardien,
Dormez, dormez, ne craignez rien,
Rêvez, sous ses ailes de neige,
Le beau jaloux
Vous berce et vous
Protège.
Enfants d'un jour, ô nouveaux nés,
Au Paradis, d'où vous venez.
Un léger fil d'or vous rattache
A ce fil d'or
Tient l'âme, encor(e)
Sans tache.
Vous êtes à toute maison
Ce que la fleur est au gazon,
Ce qu'au ciel est l'étoile blanche
Ce qu'un peu d'eau
Est au roseau
Qui penche.
Mais vous avez de plus encor(e)
Ce que n'a pas l'étoile d'or,
Ce qui manque aux fleurs les plus belles :
Bonheur pour nous
Vous avez tous
Des ailes.
Les ailes des petits enfants - (Alphonse Daudet 1840-1897)
Bagaita prend Appolinaire par le bras et l’entraîne avec lui.
MADEMOISELLE DIVINE
Là, c’est clair, je reste sans voix !
Appolinaire remet le panier à Divine et quitte les lieux avec Bagaita…
Après quoi, Divine grimpe sur le dos de la Colombe et s’envole…
FIN DE LA SCENE 3
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ACTE 1 / SCENE 4
MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, FLORE, LE PRINCE CHARMANT, MELANIE, KAÏS
Divine est placé sur le dos de la Colombe avec qui elle vole sans le ciel
LA COLOMBE, chante
« Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… »
DIVINE
Je me demande où sont passés les nuages ?
LA COLOMBE
Dans le pays que nous survolons, la pluie est rare en été.
DIVINE
Les nuages me manquent drôlement. J’aime bien y plonger ma tête.
LE COLOMBE
Hélas, par temps caniculaire, tu ne risques pas d’en voir beaucoup par ici.
DIVINE
Vivement qu’on change de pays !
LE COLOMBE
Tu veux déjà quitter la France ?
DIVINE
Nous sommes en France ? Chouette : On va voir la tour Eiffel !
LE COLOMBE, chante
« Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… »
DIVINE
J’ai soif, Colombe !
LE COLOMBE, chante
« Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… »
DIVINE
Ohé ! Tu m’écoutes quand je parle ?
LE COLOMBE
Qui dit « canicule » dit « sécheresse » !
DIVINE
Je ne veux pas mourir assoiffée !
LE COLOMBE
Rassure-toi, Divine, on finira bien par trouver un point d’eau quelque part.
DIVINE
Mon Papa Honoré m’a dit qu’il y avait beaucoup de lacs et de rivières en France.
LE COLOMBE
Il est formellement interdit de boire l’eau des lacs et des rivières, Divine, pour cause d’intoxication. Tu n’es pas sans ignoré, ma chère, que les industries y ont déversé leurs déchets… que 80 pour cent des rivières sont polluées. Triste constat, je sais bien.
DIVINE
Je meurs de soif, Colombe !
LE COLOMBE
La seule eau potable est celle qui coule du robinet. Une eau bien traitée. Il y a aussi les sources qui dorment dans des bouteilles en plastic.
DIVINE
Des sources qui… quoi ?
LE COLOMBE
De l’eau d’Evian !
DIVINE
Connais pas !
LE COLOMBE
Il y aussi l’eau de Contrexéville.
DIVINE
J’ai hâte de connaître cela !
LE COLOMBE
J’aperçois un village à 2000 lieues plus bas. Accroche-toi à mon cou, je vais plonger dans le vide !
FIN DE LA SCENE 4
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ACTE 1 / SCENE 5
Quelques instants plus tard, la colombe atterrit dans un jardin.
KAÏS, est assise sur le rebord de la fenêtre
Peindre d'abord une cage avec une porte ouverte,
Peindre ensuite quelque chose de joli, de simple et de beau,
Placer ensuite la toile contre un arbre ou dans un jardin.
Se cacher derrière l'arbre, silencieusement sans bouger...
Le portrait d'un oiseau –Première partie - (Jacques Prévert 1903-1976)
LA COLOMBE, interpelle Kaïs
Hep ! Mademoiselle Kaïs ! Tu veux bien me passer une bouteille d’eau, s’il te plait ? Divine et moi mourrons de soif !
KAÏS
Qu’est-ce que vous faites dans mon jardin ? Et puis, d’abord, je ne vous connaîs pas.
LA COLOMBE
Moi, je te connais. Mais dis-moi, pourquoi gémis-tu de la sorte sur le rebord de ta fenêtre ?
KAÏS
Parfois l'oiseau arrive vite, ou bien des années après,
Ne pas se décourager : attendre.
Si l'oiseau arrive, attendre que l'oiseau pénètre dans sa cage,
fermer alors tout doucement la porte avec le pinceau,
Puis effacer un à un tous les barreaux... Peindre ensuite le vert feuillage, la fraîcheur du vent, la poussière du soleil, le bruit des bêtes, de l'herbe dans la chaleur de l'été.
Si l'oiseau chante c'est bon signe, vous pouvez alors signer le tableau en arrachant tout doucement une des plumes de l'oiseau et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.
Le portrait d'un oiseau – Seconde partie - (Jacques Prévert 1903-1976)
LA COLOMBE
Ah ! Je comprends mieux maintenant : tu es poétesse !
KAÏS
Et après ?
LA COLOMBE
Cela tombe bien, Mademoiselle Divine a pour mission de récolter des poèmes dans le monde entier auprès des enfants et adolescents ?
KAÏS
Contente de l’apprendre.
DIVINE
C’est cool ! Tu vas pouvoir m’en donner un.
KAÏS
Et tu comptes en faire quoi ensuite ?
DIVINE
Le faire découvrir à tous les enfants de la Francophonie.
KAÏS
Mes poèmes n’intéressent personne.
DIVINE
Bien sûr que oui.
LA COLOMBE
Rends-toi compte, Kaïs, tu vas être connu dans le monde entier ! Tout le monde va savoir ce que tu as dans le cœur.
DIVINE
C’est génial, tu ne trouves pas ?
FIN DE LA SCENE 5
---------------
ACTE 1 / SCENE 6
KAÏS
Et bien entendu, il faut payer pour participer à ce jeu.
LA COLOMBE
Absolument pas !
KAÏS
Je ne te crois pas, Colombe.
LA COLOMBE
Je t’assure que c’est vrai, Kaïs.
KAÏS
Rien n’est gratuit de nos jours, Je ne te crois pas.
DIVINE
Tu as raison, Kaïs !
LA COLOMBE
Tais-toi, Divine ! Ne raconte pas de bêtises ! C’est gratuit et plus que gratuit !
DIVINE
Mais non, mais non !
LA COLOMBE
Mais si, mais si !
DIVINE
Mais non, mais non !
LA COLOMBE
Mais si, mais si !
KAÏS
Bon, faudrait savoir… je dois payer pour vous donner un poème, oui ou non ?
DIVINE
Nous récolterons ton poème à condition que tu me montres la source qui coule dans une bouteille en plastic.
KAÏS
C’est quoi ce délire ?
LA COLOMBE
Une bouteille d’Evian !
DIVINE
J’ai soif !
KAÏS
Mais d’où peuvent-ils bien sortir, ces deux assoiffés ? Vous arrivez du désert ?
DIVINE
Tu veux que les enfants découvrent ton poème, oui ou non ? Bon, dépêche-toi !
LA COLOMBE
Cela suffit, Divine ! C’est quoi ces manières ? Depuis quand marchandes-tu ? Ce n’est pas ce qui était convenu entre nous, voyons !
DIVINE
Mais si, mais si !
LA COLOMBE
Mais non, mais non !
DIVINE
Mais si, mais si !
LA COLOMBE
Mais non, mais non !
KAÏS, siffle
Bon, c’est d’accord ! J’accepte ! Tu l’auras ta bouteille d’eau !
DIVINE
C’est super ! Je vais boire une bouteille d’Evian !
KAÏS
Désolé, je n’ai pas d’Evian. En revanche, j’ai du contrex ! (Il lui montre une bouteille d’eau) Elle contient un litre d’eau.
DIVINE
Ce n’est pas ce que j’ai demandé.
KAÏS
Mais si, mais si !
DIVINE
Mais non, mais non !
KAÏS
Mais si, mais si !
LA COLOMBE
Bon, abrégez les enfants ! J’ai soif !
DIVINE, place son panier sous la fenêtre
Dépose la bouteille dans le panier, Kaïs !
KAÏS
C’est toujours d’accord pour mon poème, les amis ?
DIVINE
Magne-toi, Kaïs ! Nous sommes sur le point de mourir de soif !
KAÏS
Mais avant toute chose, je déclame mon poème.
DIVINE
Mais non, mais non !
KAÏS
Mais si, mais si !
DIVINE
Mais non, mais non !
KAÏS
Mais si, mais si !
LA COLOMBE
Accordé !
FIN DE LA SCENE 6
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ACTE 1 / SCENE 7
Divine se place sous la fenêtre le panier à la main
KAÏS, déclame son poème à haute voix la bouteille à la main
C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Le dormeur du Val - (Arthur Rimbaud 1854-1891)
Divine et la Combe applaudissent
Kaïs dépose ensuite la bouteille d’eau dans le panier et quitte le rebord de la fenêtre
LA COLOMBE, se saisit de la bouteille
A ta santé, Kaïs !
FIN DE LA SCENE 7
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ACTE 1 / SCENE 8
Divine et la Colombe s’abreuvent
DIVINE
Elle est drôlement bonne cette source de Contrex ! J’adore !
LA COLOMBE, lui retire la bouteille des mains
Oui, ben… ce n’est pas une raison pour tout boire. Laisse s’en un peu. La route
est encore longue ! (Elle dépose la bouteille dans le panier)
MELANIE, rentre dans le jardin, accompagnée de Flore
Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup
Il enrichit ceux qui le reçoivent
Sans appauvrir ceux qui le donnent
Il ne dure qu'un instant
Mais son souvenir est parfois éternel
Personne n'est assez riche pour s'en passer
Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter
Il crée le bonheur au foyer
Il est le signe sensible de l'amitié
Un sourire donne du repos à l'être fatigué
Rend du courage au plus découragé
Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler
Car c'est une chose qui n'a de valeur
Qu'à partir du moment où il se donne
Et si quelquefois vous rencontrez une personne
Qui ne sait plus avoir le sourire
Soyez généreuse, donnez-lui le vôtre
Car nul n'a autant besoin d'un sourire
Que celui qui ne peut en donner aux autres.
FLORE
Merci pour tes dix conseils, Mélanie !
MELANIE
Tu es mon amie.
DIVINE, accourt au devant des filles
Vous arrivez à temps, les filles. La colombe et moi étions sur le point de nous envoler. Allez-y ! Déposez vos poèmes dans le panier !
FLORE
Si tu es las et que la route te paraît longue
Si tu t'aperçois que tu t'es trompé de chemin
Ne te laisse pas couler au fil des jours et du temps
Recommence...
Si la vie te semble trop absurde
Si tu es déçu par trop de choses et trop de gens
Ne cherche pas à comprendre pourquoi
Recommence...
Si tu as essayé d'aimer et d'être utile
Si tu as connu ta pauvreté et tes limites
Ne laisse pas là une tâche à moitié faite
Recommence...
Si les autres te regardent avec reproche
S'ils sont déçus par toi, irrités
Ne te révolte pas, ne leur demande rien
Recommence...
Car l'arbre rebourgeonne en oubliant l'hiver
Car le rameau fleurit sans demander pourquoi
Car l'oiseau fait son nid sans songer à l'automne
Car la vie est espoir et recommencement.
Auteur non connu
Tout le monde applaudit
LE PRINCE CHARMANT, surgit
Je t’ai dit de ne plus remettre les pieds ici, Flore ! Va-t-en !
MELANIE
Pas question !
LE PRINCE CHARMANT
De quoi je me mêle, Mélanie ?
FLORE
Mélanie est ma copine. Tu l’as laisse tranquille !
LE PRINCE CHARMANT
Que viens-tu faire dans mon jardin, Flore ? Va-t-en !
FLORE
J’attends tes explications.
LE PRINCE CHARMANT
Je n’ai rien à te dire.
FLORE
Tu n’es pas cool comme prince charmant.
LE PRINCE CHARMANT
Je fais ce que je peux.
FLORE
Réfléchis tout de même.
LE PRINCE CHARMANT
C’est tout vu ! Bon, très bien, c’est moi qui m’en vais ! (Il s’apprête à partir)
MELANIE, retient le prince charmant par le bras
Dis-moi quelque chose.
LE PRINCE CHARMANT
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait éclose
Sa robe de pourpre au soleil
A point perdu cette vêprée
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ! ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusque au soir !
Donc si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
La Rose (Pierre de Ronsard : 1524 - 1585) (Odes 1,17)
FLORE, danse avec le prince charmant tout en déclamant son poème
On ne peut me connaître
Mieux que tu me connais
Tes yeux dans lesquels nous dormons
Tous les deux,
Ont fait à mes lumières d'homme
Un sort meilleur qu'aux nuits du monde.
Tes yeux dans lesquels je voyage
Ont donné aux gestes des routes
Un sens détaché de la terre.
FLORE, poursuit
Dans tes yeux ceux qui nous révèlent
Notre solitude infinie
Ne sont plus ce qu'ils croyaient être.
On ne peut te connaître, mieux que je te connais.
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens
Elle a la forme de mes mains
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir,
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils...
LES YEUX FERTILES - (Paul Eluard 1895-1952)
Le prince charmant prend Flore par la main et quitte les lieux ; Mélanie s’en va de son coté…
LA COLOMBE
Mademoiselle Divine a-t-elle récolté suffisamment de poème pour aujourd’hui ?
DIVINE
Fabuleux ! Je suis rassasiée !
LA COLOMBE
Et maintenant, si nous allions voir la tour Eiffel ?
DIVINE, grimpe sur le dos de la Colombe
C’est une bonne idée !
LA COLOMBE
Décollage immédiat !
Divine et la Colombe s’envolent rapidement
FIN DE LA SCENE 8
Fin du 16-ième EPISODE
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Modifié en dernier lieu le 8.09.2019
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