EPISODE 8. L'îLE DE L'AGE D'OR
TITRE : « Les Nouvelles Aventures Fantastiques de Roberto »
Dans :
« L’Île de l’âge d’or »
8-ième épisode
ROBERTO
MISS MARYL
DON MACARONI
TONI
JULIA FOREST
ROBERT DU HAMEAU
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS
SYLVESTRE (L’ex facteur)
LE HAUT-PARLEUR
GEORGE MEGA JUNIOR
ASTAR
SILVANNA
BERNADETTE
ELISABETH
CHENG
NAJMA
YOKO
ROKIA
GILBERTA
AÏDA
KATERINE
LA VOIX DANS LE HAUT-PARLEUR
GENRE : Comédie Fantastique
AUTEUR : Emilien Casali -
Lieu : L’action se déroule sur l’Île des pensionaires quelque part dans l’espace
EPISODE 8 : « L’ILE DE L’AGE D’OR » (2005)
Première partie de la pièce du même titre « L’île de l’Age d’or » (22 personnages)
PROTECTION SACD (Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques)
Emilien CASALI
Email : casali-emilien1@orange.fr
http://emiliencasali.populus.ch/
http://compballadins.populus.ch/
http://biblioscolaire.populus.ch/
PROLOGUE
TONI, DON MACARONI, JULIA FOREST,
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS
L’action se déroule dans une sombre salle de réception teintée de spot light mauves… Des hommes et femmes masqués sont affalés sur des sofas en cuivre tout près desquels reposent des narguilés. Seul Don Macaroni est assis confortablement sur un fauteuil observant derrière ses lunettes noires la pulpeuse Julia Forest qui se déhanche frénétiquement sur un air de techno music psychédélique endiablé…
TONI, entre et se dirige vers Don Macaroni
L’espion est de retour sur l’île, Don Macaroni !
DON MACARONI
C’est parfait,Toni !
TONI
Doit-on l’intercepter maintenant, Don Macaroni ?
DON MACARONI
Ce ne sera pas nécessaire, Toni. L’île est si petite qu’il en aura fait très vite le tour. Je suggère que nous le laissions fourrer son nez où bon lui semble… à sa guise. Il ne tardera pas à rentrer dans la gueule du loup.
TONI
Et si jamais il découvre la chambre des pensionnaires ?
DON MACARONI
Rappelle-toi bien une chose, Toni : quiconque tombera nez à nez avec eux n’en verra pas moins que le reflet des ténèbres. Quoiqu’il en soit, la chambre des exclus est infranchissable. Pour l’heure, je te propose de visionner ses moindres faits et gestes depuis l’observatoire de contrôle.
TONI
A vos ordres, Don Macaroni !
Toni quitte la réception…
JULIA FOREST, s’approche de Don Macaroni
A quoi réfléchis-tu, Macaroni ?
DON MACARONI
Je ne t’ai jamais dit d’arrêter de danser, Julia.
JULIA FOREST
Tu mijotes encore quelque chose dans ta tête ? C’est bien cela ?
DON MACARONI, claque du doigt
Ferme-la et danse !
JULIA FOREST, se pend à son cou
Tu me caches quelque chose.
DON MACARONI
Rien que tu ne saches déjà.
JULIA FOREST, lui caresse la jambe
S’agit-il d’une espionne ?
DON MACARONI
Où veux-tu en venir, Julia ?
JULIA FOREST
Je suis la seule poupée désirable de toute la galaxie, ne l’oublie pas. (Elle lui pince la joue) Ne t’avise pas de mettre une rivale sur mon chemin… sans quoi je la défigurerai.
DON MACARONI, la repousse violemment
Dégage de là ! Tu m’étouffes !
JULIA FOREST, agenouillée
C’est cela, frappe-moi ! Vas-y ! Déchire ma jolie tronche !
DON MACARONI
Ce n’est pas l’envie qui me manque.
JULIA FOREST
Eh bien, vas-y, frappe-moi ! Ne te gène pas !
DON MACARONI
Relève-toi et vas danser, Julia !... sinon je vais me fâcher.
JULIA FOREST
N’oublie pas que cette île vit en majeure partie grâce à mes charmes. Tes vieux crétins ont besoin de ma jeunesse pour vivre.
DON MACARONI
Ferme-la !
JULIA FOREST
Je suis la seule beauté de l’île capable d’exciter ta clientèle d’impuissant. Si tu tiens encore à exploiter mon corps comme tu l’as toujours fait jusqu’à présent, tu as intérêt de me respecter, sinon tes vieillards iront bander ailleurs. Pigé, Ducon ?
LE COMTE, pénètre dans la salle de réception, portant un peignoir marron
Je vois que la fête bat son plein par ici. Bon sang ! J’ai comme le mal de l’air…
DON MACARONI
J’ai à faire, Julia ! Va danser ! Pas d’esclandre, c’est compris ?
JULIA FOREST
Tu me le payeras un jour ou l’autre.
FIN DU PROLOGUE
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ACTE 1 / SCENE 1
LE COMTE, tient une canne à la main
Ah ! Voilà du monde ! Quelqu’un va sans doute pouvoir me renseigner. (Il titube) Dieu du ciel, quel mal de crâne !
DON MACARONI, se lève de son fauteuil et se dirige vers le Comte
Par ici, cher ami ! Je vous attendais.
LE COMTE, qui se tient la tête
Où suis-je exactement ?
DON MACARONI, le prend par l’épaule
Aux confins de la galaxie.
LE COMTE
Cela, je le sais bien. Mais où exactement ?
DON MACARONI
Sur l’île des survivants.
LE COMTE
Je ne crois pas que les présentations ont été faites ?
DON MACARONI
Je suis Don Macaroni. Comment allez-vous, Monsieur le Comte Christophe Rodolphe Charles Henri et j’en passe.
LE COMTE
Vous me connaissez ?
DON MACARONI
On ne parle que de vous sur l’île. Notre observatoire de contrôle est très perfectionné, voyez-vous. Il est non seulement doté d’un capteur sensoriel, capable de détecter une mouche qui respire à 100 kilomètres à la ronde, mais en plus de cela il est l’ordinateur le plus performant jamais conçu dans l’histoire de l’humanité. Autrefois, durant la révolte des alter mondialistes, les services secrets de l’armée planétaire l’utilisaient pour mémoriser l’identité ADN de chaque terrien. Le vôtre était enregistré dans sa mémoire. Mais enfin, ce n’est là qu’un tout petit aspect de son génie.
LE COMTE, se tient la tête
Ô mon dieu ! J’ai la tête comme une citrouille.
DON MACARONI
Le mal de l’air !
LE COMTE
Je suis sur une île, pourtant…
DON MACARONI
Perdue au milieu de la galaxie. Mais dites-moi, Monsieur le Comte, ce n’est pas la première fois que vous nous rendez visite. C’est la troisième fois si je ne m’abuse.
LE COMTE
Je ne suis pas resté très longtemps les deux fois passées, plusieurs fractions de secondes tout au plus… Le micro-téléportateur véhiculaire était défaillant à l’époque. Cette fois-ci, c’est différent… j’y suis, j’y reste !
DON MACARONI
Autrement dit : vous vous êtes télé porté jusqu’à nous. Voilà donc l’explication. Je me suis longtemps demandé par quel prodige vous aviez pu atterrir sur l’île des survivants. Car, en dehors de la navette spatiale, je ne connaissais pas d’autres véhicules… il y avait effectivement un truc.
LE COMTE, sort de sa poche une pyramide en cristal
Le micro télé portateur est un tout petit objet pyramidal comme vous pouvez le constater. Son mode d’emploi est très simple : il vous suffit de le tenir dans le creux de votre main et de vous concentrer sur la destination de votre choix.
DON MACARONI
Seriez-vous un rescapé de la planète terre, mon cher, ce qui m’étonnerait fort … ou bien alors un extra-terrestre ? Voilà bien longtemps que je n’ai vu un spécimen tel que vous. Vous êtes jeune
LE COMTE
Que signifient toutes ces balivernes. Je suis un être humain comme vous.
FIN DE LA SCENE 1
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ACTE 1 / SCENE 2
DON MACARONI, lui retire la canne des mains
L’île a décollé de la terre en l’an de grâce 2050. Or, en ce temps-là, plus personne n’était attifé de la sorte. (Il désigne le peignoir du comte)
LE COMTE
Que racontez-vous là, nous sommes en 2005.
DON MACARONI
3000.
LE COMTE
2005 !
DON MACARONI
Nous sommes très exactement le 4 juillet 3000, A ce propos, nous célébrons aujourd’hui le 50ième anniversaire de notre départ.
LE COMTE
Quel départ ?
DON MACARONI
L’élite nationale constituée en majeure partie du G12 et des membres principaux de leur famille avait choisi le 4 juillet 2050, jour de la fête nationale, pour effectuer le grand départ dans la galaxie à l’approche de la comète Hendrix, laquelle dévasta totalement la planète terre peu de temps après leur départ.
LE COMTE
Que signifie cette affabulation ?
DON MACARONI
Je vous suggère le smoking en de telles circonstances, plutôt que ces oripeaux.
LE COMTE
Pour rien au monde je ne quitterai mon peignoir. Vous semblez ignorez sa valeur marchande.
DON MACARONI, danse la valse avec le Comte
M’accorderiez-vous une danse, Monsieur le Comte ?
LE COMTE
Mon mal de l’air semble être passé !?
DON MACARONI
L’effet du « Viagralor » agi dans votre cerveau, Monsieur le Comte.
LE COMTE
Je me sens léger comme une libellule.
DON MACARONI
Maintenant que je vous tiens, je ne vous lâche plus, mon ami.
LE COMTE
Je vis, j’aime et j’existe !
DON MACARONI
Plus pour très longtemps, Monsieur le Comte… plus pour très longtemps…
LE COMTE
Ah oui ? Et pourquoi cela ? Ne suis-je pas votre hôte de marque à présent ? Je suis donc en droit d’exiger…
DON MACARONI, lui met le doigt sur la bouche pour le faire taire
En réalité, vous êtes mon prisonnier.
LE COMTE
Vraiment ?
DON MACARONI
Hélas, les espions ne s’évadent jamais de l’île. D’autant que vous êtes le premier.
LE COMTE
Quel sort me réservez-vous, Don Macaroni ?
DON MACARONI
Vous ne risquez pas d’être déçu du voyage, mon ami. Voyez-vous, les jeunes n’ont pas leur place dans ce monde nouveau.
LE COMTE
Je ne suis plus tout à fait jeune.
DON MACARONI
Pas plus que les vieux.
LE COMTE
Je trouve vos propos bien mystérieux, Don Macaroni.
DON MACARONI
Le mystère restera intact… tout comme ma tranquillité sur cette île…
LE COMTE
A moins que Roberto ne s’aperçoive de ma disparition !?
DON MACARONI
Qui est Roberto ?
LE COMTE
Un ami de longues dates qui doit très certainement s’inquiéter à l’heure qu’il est !?
DON MACARONI
Je doute qu’il puisse se rendre jusqu’ici !?
LE COMTE
Vous allez finir par me faire douter, Don Macaroni. D’autant que je suis le seul à posséder le micro télé portateur.
DON MACARONI, se saisit du micro télé portateur et le range dans la poche de son smoking
Maintenant, il est à moi ! Vous pouvez faire vos adieux à votre ami de longues dates… je crains que plus jamais vous ne le reverrez… plus jamais vous ne retournerez sur terre, Monsieur le Comte.
Un nuage de fumée envahit la pièce ensuite…
FIN DE LA SCENE 2
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ACTE 1 / SCENE 3
LE HAUT-PARLEUR, GEORGE MEGA JUNIOR, SILVANNA, BERNADETTE, , ELISABETH, CHENG, NAJMA, YOKO, ROKIA, GILBERTA, AÏDA, KATERINE, SVETLANA, ASTAR,
MADEMOISELLE MARI LOU
L’action se déroule toujours dans l’île en 3000 durant notre ère, sur une petite place très exactement. Il fait nuit dans la galaxie.. Au loin, dans l’espace, on aperçoit des étoiles filantes.
Une voix jaillit du haut-parleur…
LE HAUT-PARLEUR
Observatoire de contrôle ! Installation de la biosphère… oxygénation de l’île… Oxygénation de l’île… Aujourd’hui, les pensionnaires ont droit à 15 minutes de promenade… Bonne anniversaire, Mesdemoiselles ! Passez un agréable 4 juillet sous les étoiles filantes…
Un groupe de 16 personnes qui avance très lentement, surgit, la canne à la main. Tout le monde porte un masque blanc sur le visage…. Silvanna tient un marteau en main ((il s’agit d’un jouet en plastic pour bébé qui fait « ding ding » lorsque Katerine frappe sur la tête de quelqu’un)
GEORGE MEGA JUNIOR, tient une grosse dinde dans ses bras qu’il caresse
Tu sens l’air frais galactique, ma petite caille ? On va s’en mettre plein les poumons, toi et moi.
BERNADETTE
Vous êtes vraiment inséparables toutes les deux ?
GEORGE MEGA JUNIOR
Ca fait 50 ans que tu me poses la même question, vieille grue !
ASTAR
Vous ne saurez rien, Bernadette, rien de rien !
KATERINE
Le disque de Bernadette est raillé ! Le disque de Bernadette est raillé !
SILVANNA, frappe sur la tête de Katerine avec le marteau
Motus et bouche cousue, vilaine Katerine !
ELISABETH
Où sont passés mes bagages, Mademoiselle Cheng ? Où sont passés mes bagages ?
CHENG
J’ai entendu, je ne suis pas sourd.
AIDA
Ils sont restés à l’aéroport, Elisabeth !
ELISABETH
Je ne vous ai pas adressé la parole, Mademoiselle Aïda. Je réitère ma question, Mademoiselle Cheng : où sont passés mes bagages ?
CHENG
Je ne suis pas sourd.
ASTAR
Vous ne saurez rien, Elisabeth, rien de rien !
ELISABETH
Dans ce cas, je réitère ma question…
SILVANNA, frappe sur la tête d’Elisabeth avec le marteau
Silence !
GEORGE MEGA JUNIOR, s’adressant à Bernadette
Tu sais, Bernadette, pour rien au monde, je ne me séparerai de ma petite caille, Bernadette.
BERNADETTE, lui pince la joue
C’est une dinde, George Méga Junior ! Une dinde ! Tu n’arrives toujours pas à faire la différence cinquante ans après ?
GEORGE MEGA JUNIOR
C’est un souvenir de Papa. Il me la offert peu de temps avant le décollage.
NAJMA, YOKO, ROKIA, GILBERTA, ensemble
Elle est très appétissante cette grosse dinde au marron ! Hum !
GEORGE MEGA JUNIOR
Je ne trouve pas que tu es grosse, ma petite caille ! Mes copines ne vraiment sont pas cool !
KATERINE
Le vieux George Méga Junior perd la boule ! Le vieux George Méga Junior perd la boule !
SILVANNA, frappe sur la tête de Katerine avec le marteau
Avance, paresseuse !
NAJMA, YOKO, ROKIA, GILBERTA, se frotte les mains tout en se léchant les babines
Hum ! On va se régaler, les copines !
GEORGE MEGA JUNIOR, place la dinde sous son vêtement
Ah non ! Il est fortement déconseillé de la manger ! C’est la seule rescapée du cataclysme de 50.
FIN DE LA SCENE 3
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ACTE 1 / SCENE 4
ROKIA
Vous préférez l’aile ou la cuisse, Mesdemoiselles ?
YOKO
Savez-vous, les filles, si la dinde possède des vertus aphrodisiaques ?
ROKIA
Tu as quelqu’un en vue, Yoko ?
YOKO
Je crois bien que Toni a le béguin pour moi. Il faut que je sois à la hauteur pour la nuit prochaine !
ROKIA
Toni ne veut pas d’une vieille croûte toute ratatinée dans son lit.
ASTAR
Toni est à moi !
YOKO
Je l’ai repéré avant toi, Astar.
ASTAR
Que neni, que neni !
Silvanna frappe sur la tête des filles avec son marteau
NAJMA
Qui est là ?
YOKO
Le méchant loup, Grand-mère !
GEORGE MEGA JUNIOR
On célèbre le « thinks Giving » à quel endroit, Mesdemoiselles ?
SILVANNA, frappe sur la tête de katerine
Nous sommes le 4 juillet, aujourd’hui, vieille demeurée !
NAJMA
Qu’est-ce qu’elle a dit ?
YOKO
Tu es bouchée, Grand-mère ?
ROKIA
Cela se passe chez Don Macaroni !
GILBERTA
Venez, les filles ! On va danser la Samba !
NAJMA
Tu nous promets cette danse depuis 50 ans, Gilberta !
YOKO
Elle n’a plus ses jambes de vingt ans.
GILBERTA, remue ses fesses frénétiquement
Regardez, les filles ! Je peux encore balancer mes reins dans tous les sens.
YOKO
C’est ça, remue ta vieille peau ! Ca m’excite !
NAJMA, frappe dans ses mains en faisant la danse du ventre
J’arrive encore à faire la vague !
YOKO, frappe dans ses mains
Vas-y, grand-mère ! Fais chauffer la salle !
SILVANNA, frappe sur la tête de Najma et Yoko
Grouillez-vous, les filles, on va manquer la fiesta !
YOKO
Entrez, grand méchant loup !
NAJMA
C’est à cette heure-ci que tu te couches, grand-mère ?
Yoko et Najma quitte le lieu, bras dessus bras dessous
FIN DE LA SCENE 4
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ACTE 1 / SCENE 5
YOKO
Je viens de prendre mon somnifère, mon loulou ! Je plane à 15 milles !
NAJMA
J’ai faim !
YOKO
La soupe mijote sur le feu ! Je t’en prie, sers toi !
ROKIA, qui caressait le ventre de George pendant ce temps-là
Tu accouches dans combien de temps, poupée ?
GEORGE MEGA JUNIOR
Je suis un homme, chérie ! Un vrai de vrai ! J’ai de la crème brillante dans les cheveux, je me parfume matin et soir avec un atomiseur senteur rose lavande, des biceps et pardessus tout, j’ai une voiture. Tu viens faire un tour avec moi, Baby ?
ROKIA, appuie sur son ventre
Comment comptes-tu l’appeler, jeune homme ?
GEORGE MEGA JUNIOR
Pas touche !
SILVANNA, frappe sur la tête de Rokia avec son marteau
Ne faisons pas attendre Don Macaroni. Viens ! Dépêche-toi !
ROKIA
A vos ordres, Mademoiselle Silvanna !
ELISABETH
Je ne vous ai pas adressé la parole, Mademoiselle Aïda.
CHENG
Je ne suis pas sourd.
Tout le monde quitte les lieux sauf Mademoiselle Mari Lou qui n’avait encore rien dit jusque-là
MADEMOISELLE MARI LOU, lève la tête et se parle à elle même
La lune cristallise mon âme tout entière,
Je me sens revivre pour l’éternité !
Bientôt, mon homme viendra me chercher !
LA VOIX DE SILVANNA
Qu’attendez-vous pour venir, les filles ?
BERNADETTE
On arrive ! (Elle s’approche de Mari Lou) La promenade est bientôt terminée, Mari Lou ! Rentrons !
MADEMOISELLE MARI LOU
Je suis persuadée qu’il viendra me chercher.
BERNADETTE
Tu crois encore au prince charmant à ton age ? C’est stupide !
MADEMOISELLE MARI LOU
Il n’y a pas d’age pour aimer.
BERNADETTE
Tu as perdu la boule, ma vieille ! Et si c’était le cas, voilà belle lurette que le bon prince, sur son joli voilier de l’espace, serait venu te délivrer.
MADEMOISELLE MARI LOU
Il m’a promis qu’il reviendrait.
BERNADETTE
Parole et parole et parole ! Réveille-toi, ma pauvre guirlande, cela fait 50 ans que tu me chantes la même sérénade en promenade. Je ne crois plus à la parole des hommes, vois-tu.
MADEMOISELLE MARI LOU
Peut-être… mais Robert est différent.
BERNADETTE
Différent en quoi, tu veux me dire ? Ton Robert était juste un beau parleur. Pour raconter des histoires… ah ! Ça ! Il savait en raconter !
MADEMOISELLE MARI LOU
Une chose est certaine : il ne m’a jamais abandonné ce jour-là, Bernadette. Il a simplement profité de l’émeute de 51 pour s’évader à bord du voilier.
BERNADETTE
Pauvre gourde ! Ton conteur d’histoires à dormir debout est mort depuis une éternité. Tu ne penses tout de même pas que ses vieux os auraient survécu aux tempêtes de l’espace. D’abord, Il était trop vieux ton homme ! Il avait l’age de mon père en 51.
MADEMOISELLE MARI LOU
A 95 ans, il n’était pas si vieux !
BERNADETTE
Tu veux rire ! Aujourd’hui, il en aurait 145.
MADEMOISELLE MARI LOU
Je regrette ces instants comme une tranche de vie irréelle lorsque nous nous balancions, lui et moi dans le ciel.
BERNADETTE
Tu as perdu la boule, pauvre fille !
MADEMOISELLE MARI LOU
Notre vieillesse, nous l’avions passés en Toscane dans un magnifique hameau en bordure des vignobles du Chianti…
BERNADETTE
Nostalgie, quand tu nous tiens !
FIN DE LA SCENE 5
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ACTE 1 / SCENE 6
MADEMOISELLE MARI LOU
En ce temps-là, nous filions le parfait amour au coin de la cheminée. Le temps se déroulait devant nous sans la moindre faille; on ne le voyait pas passer. C’était le temps de la sagesse, le retour à l’innocence; Une période tendrement paisible où nous pouvions serrer l’amour dans nos bras, savourer des plaisirs démodés sans se soucier au lendemain, lequel n’avait plus d’importance, ou bien au quand dira-t-on. Robert racontait si bien notre passé dans ses récits fantastiques par delà et là pour emplis de jeunesse éternelle. Sa jeunesse à lui, il savait la raconter mieux que quiconque. Il ne faisait l’impasse sur aucun détail de cette miraculeuse période. A cette époque, nous prenions le temps de vivre, le temps d’aimer, le temps de penser…
BERNADETTE
Je vois que tu t’emmêles toujours autant les pinceaux, ma vieille ! Faudrait savoir à la fin !... Votre histoire s’est déroulée durant votre jeunesse ou bien durant votre vieillesse ? Je n’y comprends plus rien !
MADEMOISELLE MARI LOU
Ce fut la dolce vita !
BERNADETTE
Quoiqu’il en soit, ton charmant chevalier et toi, vous n’avez pas cessé de vous la couler douce. Que ce soit le temps de la sagesse… ou bien le temps de vivre, vous avez mené une vie princière, dis donc.
MADEMOISELLE MARI LOU
Alors qu’autour de nous, tout le monde courait, courait… et le temps défilait à tout à l’heure. C’était l’euphorie perpétuelle.
BERNADETTE
Et c’est reparti ! Quand je pense qu’elle me rabâche toujours la même histoire depuis cinquante ans. C’est sûr, Robert le conteur a contaminé la belle.
LE HAUT-PARLEUR
Observatoire de contrôle… désinstallation de la biosphère dans quelques secondes… Circulez, s’il vous plait !
BERNADETTE, prend Mari Lou par le bras
Allons-y, princesse ! Ton prince charmant ne viendra pas ce soir.
Elles quittent les lieux…
LE HAUT-PARLEUR
La promenade de santé est terminée, Mesdemoiselles les pensionnaires… vous avez 5 minutes pour regagner votre cellule… la fête est terminée… La firme Somnifère and Co vous a présenté le cinquantième anniversaire du 4 juillet 2050 sur la Place Galacticea.
FIN DE LA SCENE 6
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ACTE 1 / SCENE 7
ROBERTO, SYLVESTRE, LE HAUT-PARLEUR,
DON MACARONI, ELISABETH, MISS MARYL
Le chevalet sur lequel repose le tableau bleu azur apparaît…
SYLVESTRE, sort du tableau
Ce n’est pas la peine de pousser, Roberto, le monde ne va pas s’écrouler, voyons !
ROBERTO, pousse Sylvestre
Dépêchez-vous, Sylvestre !
SYLVESTRE
Que je me dépêche pour aller où ? Je vous trouve bien nerveux, mon ami. (Il remarque la place) Où sommes-nous exactement ? Oh, peuchère ! Il fait nuit par ici. J’espère qu’on n’est pas tombé dans un guet-apens !?
ROBERTO
Nous sommes sur une place publique. Où cela ? Je l’ignore.
SYLVESTRE, pointe le nez dans le ciel
Peuchère ! Regardez toutes ces étoiles filantes dans le ciel. C’est hallucinant ! Je n’en ai jamais vu de semblables.
LE HAUT-PARLEUR
Observatoire de contrôle ! Désinstallation de la biosphère dans 2 Minutes. Quittez la Place Galacticea et rentrez chez vous !
SYLVESTRE
Que se passe-t-il, Roberto ?
DON MACARONI, surgit
Vous risquez votre vie, Messieurs. Ce n’est pas prudent de rester ici.
ROBERTO
D’où provenait cette voix ?
DON MACARONI
Depuis l’observatoire de contrôle... mais il me semble que j’ai à faire à des étrangers. Ces messieurs serait-il de passage dans la galaxie ? Permettez-moi de me présenter : je suis Don Macaroni, le propriétaire de cette île enchantée qui voyage dans l’espace. Enchanté, Messieurs !
SYLVESTRE, parle dans l’oreille de Roberto
C’est quoi cette histoire de fou ?
DON MACARONI
La planète que vous apercevez au dessus de vous n’est autre que Pluton. Bienvenus sur l’île des pensionnaires, Messieurs !
SYLVESTRE
Je crois bien que nous avons atterri dans un asile pour aliénés, Roberto.
DON MACARONI
Ravi de faire votre connaissance, Roberto ! Christophe Rodolphe et j’en passe m’a beaucoup parlé de vous.
ROBERTO
Sa majesté est ici ?
DON MACARONI
Monsieur le Comte se porte comme un charme ! Bon, ce n’est pas tout... nous ferions mieux de nous protéger rapidement avant que ne soit désactivé le système d’oxygénation.
SYLVESTRE
Je veux retourner sur la goélette, Roberto.
ROBERTO
Gardez votre sang froid, Sylvestre.
ELISABETH, surgit
Où sont passés mes bagages, Don macaroni.
DON MACARONI
Que faites-vous ici, Elisabeth ? Ce n’est plus l’heure de la promenade.
ELISABETH
Je vous ai posé une question, Don macaroni.
LE HAUT-PARLEUR
Observatoire de contrôle ! Plus que 30 secondes avant la désactivation.
DON MACARONI
Observatoire de contrôle ! Envoyez la couveuse, je vous prie !
ELISABETH
Je réitère ma question, Don macaroni : où sont passés mes bagages ?
Soudain, Roberto, Sylvestre et Don Macaroni se retrouvent individuellement placés sous une cloche transparente.
FIN DE LA SCENE 7
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ACTE 1 / SCENE 8
ELISABETH
Je vous ai posé une question, Don macaroni.
DON MACARONI, sous une cloche
Hélas, très chère Elisabeth, je ne puis vous être d’aucun secours. Vous n’auriez jamais dû vous séparer de vos camarades.
Une alarme se déclenche…
LE HAUT-PARLEUR
Plus que 15 secondes…
ROBERTO, sous une couveuse
Que faisons-nous sous cette cloche, Don macaroni ?
SYLVESTRE, fait quelques pas sous sa cloche
C’est étonnant, Roberto, la cloche se déplace en même temps que moi.
DON MACARONI
Il ne s’agit pas d’une cloche, Messieurs, mais d’une couveuse.
ELISABETH, s’adressant à Sylvestre
Où sont passés mes bagages, Monsieur ?
SYLVESTRE, tournoie sous sa couveuse comme une ballerine
M’accorderiez-vous cette valse, ma petite dame ?
ROBERTO, tournoie sous sa couveuse comme une ballerine
A quoi sert la couveuse, Don macaroni ?
DON MACARONI, sous une couveuse
Vous n’allez pas tarder à le savoir.
ELISABETH
Où sont passés mes bagages, Don macaroni ?
DON MACARONI, sous une couveuse
Je vous le dit depuis cinquante ans, Elisabeth : je l’ignore !
LE HAUT-PARLEUR
Plus que 5 secondes…
SYLVESTRE, sous une couveuse
On ne respire pas la dessous ! La plaisanterie a assez duré, Don « Machin chose » ! Retirez-moi cette cloche immédiatement !
DON MACARONI, sous une couveuse
En aucun cas vous ne devez vous en séparer, Monsieur Sylvestre.
ELISABETH
Je réitère ma question, Don Macaroni…
DON MACARONI, sous sa couveuse
Vous me manquerez beaucoup, Elisabeth.
LE HAUT-PARLEUR
Désactivation de la biosphère… désactivation de la biosphère… désactivation de la biosphère…
Soudain, le corps d’Elisabeth se désagrège dans l’espace sous le regard effarés de Roberto et Sylvestre
FIN DE LA SCENE 8
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EPILOGUE
DON MACARONI
Voilà ce qu’il en coûte de désobéir.
SYLVESTRE
Où est passée la petite dame, Monsieur l’hôte ?
DON MACARONI
Disparue à tout jamais !
ROBERTO
Où sommes-nous exactement ?
DON MACARONI
L’île des survivants fut fabriquée en prévision du gigantesque cataclysme qui frappa la terre en 2050. Il s’agissait de sauver coûte que coûte les membres du G12 et leur famille.
ROBERTO
Le G12 ?
DON MACARONI
Les 12 nations les plus riches de la terre. Entre 2005 et 2050, l’organisation qui ne composait alors que 8 nations, fut rejointe très rapidement par l’Inde, l’Afrique du Sud, la Chine et le Brésil.
SYLVESTRE
Dis donc, à notre retour sur Terre, je vais en avoir des choses à raconter à nos amis terriens.
ROBERTO
Lorsque vous parlez de cataclysme, faites-vous allusion à la comète Hendrix ?
DON MACARONI
Je vois que vous êtes bien renseigné, mon ami.
ROBERTO
J’ai fait la connaissance du professeur Fox il y a de cela quelques années en arrière…
DON MACARONI
Lequel s’était enfoui à bord du vaisseau « Cyrielle ». Je me rappelle très bien de cet énergumène excentrique.
ROBERTO
Exactement !
DON MACARONI
L’île décolla pour l’espace quelques heures avant le cataclysme en emportant 100 passagers seulement.
SYLVESTRE
On va finir par en savoir des choses. Alors, comme ça, j’ai posé mes pieds sur une île volante. Vraiment, j’aurai tout entendu !
DON MACARONI
50 ans, jour pour jour après le décollage, nous ne sommes plus que 19 passagers à vivre dans l’île.
SYLVESTRE
Quelle hécatombe !
DON MACARONI
Dans l’espace, les humains vieillissent et meurent aussi.
ROBERTO
Il y a quelque chose qui cloche dans votre histoire ?
DON MACARONI
Nous en reparlerons devant un bon verre de whisky si vous le voulez bien. Suivez-moi, je vous prie.
ROBERTO
Peut-on voir Monsieur le Comte ?
DON MACARONI, s’en va
Par ici !
ROBERTO
Il va bien au moins ?
DON MACARONI
Pour le moment, le King n’est pas tout à fait en mesure de vous rencontrer, Messieurs. Avec tout le « Viagralor » que ce dernier a absorbé la nuit dernière, il semblerait qu’il soit plongé dans un sommeil profond à présent.
Tout le monde quitte les lieux
MISS MARYL, sort du tableau sous une couveuse
Mes amis ne sont pas sortis de l’auberge ! Il va me falloir rester vigilante. Je ne sais à quel loustic Roberto et Sylvestre ont à faire, mais une chose est sûre, leur hôte n’est pas du genre à laisser repartir ses invités. Je dois impérativement porter secours à mes amis.
Elle quitte l’endroit
Le chevalet disparaît du lieu comme par enchantement
FIN DE L’EPILOGUE
FIN DU 8i-ème EPIOSODE
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